LE PRINCIPE DE LA VEUVE NOIRE

Une drôle de créature

Etes-vous déjà tombés sur une veuve noire, comme cela m’est arrivé dans mon jardin à quelques reprises lorsque j’habitais en Afrique du Sud ?  La femelle de cette petite araignée du genre Latrodectus est facilement reconnaissable grâce aux deux triangles rouges superposés sur son abdomen d’un noir brillant, qui évoquent un sablier. En langue afrikaans elle s’appelle vioolspinnekop « araignée violon », en raison de cette même forme.  Cependant elle est loin de charmer ceux qui la rencontrent par une douce mélodie jouée sur la corde de sol…  En fait de mélodie, sa morsure est extrêmement venimeuse  car elle injecte dans le corps de sa victime de l’alpha-latrotoxine, un venin quinze fois plus toxique que celui d’un serpent à sonnettes!  Toujours à l’actif de cette étonnante créature, le fait qu’elle dispense gracieusement son venin au mâle qui vient de la féconder, qu’elle élimine donc illico… C’est la raison pour laquelle le nom scientifique latin de l’espèce américaine est  Latrodectus mactans. Mactans, en latin, vient du verbe macto, qui signifie, entre autres, « honorer les dieux mânes avec les entrailles d’enfants immolés », ou encore « sacrifier une victime à quelqu’un », voire «faire éprouver du mal, du dommage à quelqu’un ».  La veuve noire sacrifie en quelque sorte le mâle dont elle n’a plus besoin après que celui-ci a servi à ses besoins reproductifs.

Quel mode de reproduction pour l’espèce humaine ?

Pourquoi vous parler de cette araignée, et surtout du « principe de la veuve noire » dans cette rubrique ?  Simplement parce que tout donne à penser que nos sociétés occidentales, pourtant si enclines à la compassion envers toutes sortes de causes humanitaires, sont en train de glisser petit à petit dans le mode opératoire de la veuve noire en ce qui concerne la reproduction  de l’espèce humaine.

Je m’explique.  La légalisation du mariage homosexuel (et sa « bénédiction » par un certain nombre de bénisseurs ecclésiastiques auto-proclamés) introduit nécessairement dans la société un nouveau mode de filiation qui élimine de fait l’un des deux parents biologiques.  Ainsi, la légalisation de la PMA (procréation médicalement assistée)  pour les couples de lesbiennes ou les femmes seules, a été avalisée, étant considérée comme un nouveau droit découlant de ce nouveau statut marital. La GPA (gestation pour autrui, son pendant pour les couples homosexuels masculins) sera très probablement elle aussi mise à l’ordre du jour législatif sous peu, avant qu’on en arrive à de nouveaux “droits” du même genre (si je puis dire), cette fois-ci attribués aux couples transgenres. Tout ceci par l’action combinée de groupes de pression et de processus juridiques parfaitement bien huilés afin qu’il deviennent incontournables le moment venu, chaque fois que le fruit semble mûr au sein d’une opinion publique majoritairement anesthésiée, prêt à être cueilli sans trop d’opposition.

La pratique de la GPA existant déjà – et florissant même grâce à la misère de femmes du tiers-monde facilement exploitables par cette nouvelle sorte d’esclavagisme – il suffit simplement d’avaliser dans un cadre qu’on nous présentera comme acceptable, ce qui existe de toutes manières.  Il suffira que la compensation financière pour la location de l’utérus soit estimée adéquate (toute réflexion éthique étant naturellement réduite à une simple question d’argent…) Or les méthodes reproductives en question ne sont rien d’autre que la suppression de l’un des deux parents biologiques  – une mère porteuse jouant évidemment un rôle biologique de premier plan durant tout le processus de gestation de l’enfant à naître.

Un double meurtre symbolique

Créer sciemment et consciemment des orphelins de père ou de mère, voilà l’obsession de nos veuves et veufs noirs contemporains qui se débarrassent illico de l’instrument reproductif nécessaire à leurs propres désirs reproductifs, une fois le produit livré ou le service rendu.  On a ici affaire à un double meurtre symbolique accompli sur l’autel du « droit à l’enfant » : le conjoint reproducteur ou porteur est en effet écarté de la mémoire de l’enfant à acquérir, au moins jusqu’à sa majorité (je dis bien acquérir et non engendrer, car nous sommes bien dans le domaine de la transaction).  Majorité après laquelle on peut éventuellement commencer un processus de recherche de géniteur (ne parlons bien sûr pas de la mère porteuse) soigneusement encadré par un État apparemment bienveillant et très soucieux du bien être moral et affectif de ses sujets. Durant la minorité de l’enfant, le géniteur ou la mère porteuse doivent être relégués  à l’anonymat le plus complet, cela fait juridiquement partie de la transaction.  Le jour où cet enfant volontairement mutilé de son identité véritable par ses acquéreurs souhaitera accrocher sur le mur de sa chambre la photo de son père biologique ou de celle qui l’aura porté pendant 9 mois, elle ou il n’aura qu’à faire encadrer la photo d’une éprouvette ou d’un ventre féminin sans visage…  A la demande expresse soit de mères ou de pères solitaires, soit de couples homosexuels soucieux du bien-être de leur acquisition/transaction, le bénisseur de service bien intentionné viendra peut-être dans sa chambre « bénir » ces témoignages de son identité brisée, après avoir sans doute « béni » à distance le sexe anonyme du donneur de sperme et le ventre non moins anonyme de la mère porteuse.

Voilà donc ce à quoi aboutit la lutte contre les discriminations, les inégalités, les injustices, et surtout contre le déterminisme tant abhorré d’une famille composée à partir d’un père et d’une mère: au matrimonium mactantum, à ce mariage de la veuve noire doublement homicide.  Pour s’émanciper totalement du conditionnement  d’une nature humaine normée par son Auteur, il faudra donc que les humains modèlent leur paternité ou maternité sur les moeurs de la veuve noire, établissant et canonisant ainsi l’arachnéisation de la condition humaine…  Honorer les mânes du dieu des droits individualistes et hédonistes avec les entrailles d’enfants psychologiquement immolés à ces droits, après avoir sacrifié l’instrument de la reproduction; leur faire éprouver une profonde crise identitaire tout au long de leur vie, le tout avec les meilleures intentions du monde, voilà apparemment l’idéal de nos sociétés humanistes qui se croient émancipées de tout déterminisme, et surtout de tout ordre qui pourrait leur rappeler la notion de Création (car on parle volontiers de “créatures”, mais on a généralement bien du mal à associer à ce terme celui de Créateur ou de Création, allez donc savoir pourquoi…)  Mais soyons bien clair : il y a avant tout l’ordre normatif établi par le Créateur au commencement, celui dont il est dit (Genèse 1.27-28) : Dieu créa l’homme à son image : Il le créa à l’image de Dieu. Homme et femme il les créa. Dieu les bénit et Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-là.

Nature ou fantasme ? Progrès ou régression ?

En outre, ne vouloir parler que d’ordre naturel  pour s’opposer à ce qu’on estime être une dérive inacceptable, c’est se condamner  à avaliser ce qu’on rejette au départ, faute de lucidité sur la véritable nature de cet ordre.  Aussi étrange que cela puisse paraître, si l’on ne s’en tient qu’à des considérations superficielles, ce que la plupart des gens appellent la “nature” pourrait en fait être parfaitement appliqué à la PMA ou à la GPA.  En effet, dans la logique de leur mise en place, ces dernières ne sont, après tout, que les extensions de la nature humaine grâce à la technologie mise en oeuvre par l’homo faber. Qu’est-ce donc que cette “créature” ?  Il s’agit tout bonnement de l’homme parvenu à un stade d’évolution où il est en mesure de fabriquer des outils pour définit lui-même son identité, afin d’aboutir, si possible, à l’homme augmenté”, en voie de devenir immortel par ses propres moyens.  Ainsi, nous expliquera-t-on, la nature considérée comme un processus organique en évolution constante, nous mènerait inéluctablement de la soupe primordiale à la PMA et la GPA (voire autre chose au futur, puisque rien ne saurait arrêter la marche de cette évolution).  Ces dernières relèveraient donc simplement d’un développement historique “naturel”.  Elles ne seraient que les deux derniers chaînons en date d’une évolution d’abord subie, mais désormais choisie et assumée grâce aux outils qu’elle a produits au fil du temps.  Ainsi, nous ne pourrions faire autrement que de les avaliser à partir du moment où l’évolution en question s’est tout naturellement imposée à notre conscience.  Comment ne pas voir que cette définition de la nature est parfaitement “naturelle” pour ceux qui la défendent?  Elle leur semble non seulement “naturelle”, mais en tant qu’elle leur paraît nécessaire et inéluctable (c’est d’ailleurs là le signe de leur propre déterminisme !) cette définition doit également être imposée par la force à la société dans son ensemble.  Malheur à qui tenterait de la remettre en question!

Dès lors se trouve réalisé le vieux fantasme de René Descartes (1596-1650) idole incontestée de nos concitoyens, qui se proclament cartésiens chaque fois qu’ils veulent souligner leur nature rationnelle, indépendante de tout préjugé et de tout obscurantisme, capable de douter de tout  et de s’assurer de manière autonome de la vérité des choses: Nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature par la puissance d’une raison mathématique, géométrique et techniciste qui aboutira  à couper définitivement le cordon ombilical avec le Créateur et Père de toutes choses.

Ne nous y trompons pas : le désir cartésien techniciste de se rendre comme maîtres et possesseurs de la nature s’oppose frontalement à celui de Genèse 2.15, où l’Homme est placé par son Créateur dans le jardin d’Éden pour le cultiver et le garder (développement harmonieux dans la protection et la préservation du jardin de la Création).

 

Eric Kayayan
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