CONNAÎTRE DIEU PAR SES ATTRIBUTS DIVINS 1

Est-il suffisant, pour se dire chrétien, de dire que l’on croit en Dieu ? A bien y réfléchir, toutes sortes d’idées, voire d’idoles, peuvent se faire passer pour Dieu dans l’imagination et la fantaisie des humains.  Or le mot « chrétien » fait directement référence à la personne de Jésus-Christ, qui est nous présentée dans la Bible comme le Verbe, la Parole incarnée de Dieu : elle existe de toute éternité avec Dieu (Jean 1.1), c’est même par elle et pour elle que toutes choses ont été créées (Col. 1.16).  Penser pouvoir se dire chrétien en occultant cet aspect du message biblique parce qu’il n’est pas très populaire auprès de ceux qui ne veulent voir en Jésus qu’un prophète juif un peu plus inspiré que les autres, c’est nier tout simplement le cœur de la foi chrétienne.

En nous appuyant sur la Confession dite de La Rochelle, un credo réformé rédigé en 1559 et adopté dans la ville de La Rochelle en 1571 par les églises réformées en France, avec celle du Béarn et de Genève, penchons-nous sur les articles qui parlent de Dieu, de son essence, ses attributs, son unité essentielle. Et, cela va sans dire, faisons-le en étudiant la Bible considérée et crue comme Révélation à la fois suffisante et nécessaire. Ces articles, notons-le, s’appuient sur une tradition médiévale plus ancienne, soulignant le socle commun qui unit toute la Chrétienté.  On verra qu’il n’y est question ni de rationalisme c’est-à-dire une croyance en un être suprême indéfinissable, fondée sur de vagues idées innées, quelques arguments basés sur une raison déductive – le dieu des philosophes, si l’on veut – ; ni de mysticisme, c’est-à-dire de mouvements de l’âme plus ou moins irrationnels, totalement subjectifs, qui sombrent dans une forme de vision extatique prétendant pouvoir contempler Dieu directement, sans aucune médiation.

Voici donc ce que dit l’article a de la Confession de la Rochelle :  Nous croyons et confessons qu’il y a un seul Dieu, qui est une seule et simple essence, spirituelle, éternelle, invisible, immuable, infinie, incompréhensible, ineffable, qui peut toutes choses, qui est toute sage, toute bonne, toute juste, et toute miséricordieuse.

Cet article énumère une série de qualités et d’attributs divins qui permettent d’appréhender l’être divin sans aller au-delà de ce que révèle à son propos l’Écriture Sainte, considérée comme source suffisante et nécessaire pour une telle connaissance.  Reprenons-les donc un à un, en commençant par la première affirmation : Nous croyons et confessons qu’il y a un seul Dieu.

 Unicité

Le livre du Deutéronome, dans la Torah, la première partie de l’Ancien Testament énonce, aux chapitres 4 et 6, ce qui suit :  Tu as donc été éclairé, pour reconnaître que l’Éternel est Dieu, qu’il n’y en a point d’autre que lui. Et en prélude à la reprise des Dix Commandements dans ce même livre : Écoute, Israël ! L’Éternel, notre Dieu est un.

Cet enseignement est-il contredit dans le Nouveau Testament ? Rien n’est moins vrai. Au huitième chapitre de sa première lettre aux chrétiens de Corinthe (v. 4-6), l’apôtre Paul, messager par excellence de l’Évangile dans le bassin méditerranéen au premier siècle, leur déclare, alors qu’il lui ont posé une question délicate sur la consommation de viandes sacrifiées aux idoles païennes dans les temples, et vendues ensuite au public sur les marchés :  A propos donc de la consommation des viandes sacrifiées aux idoles, nous savons qu’il n’y a pas d’idole dans le monde et qu’il n’y a qu’un seul Dieu. Car, quoiqu’il y ait ce qu’on appelle des dieux, soit dans le ciel, soit sur la terre, – et de fait il y a beaucoup de dieux et beaucoup de seigneurs, – néanmoins pour nous, il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses, et pour qui nous sommes, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui sont toutes choses, et par qui nous sommes.

Nous avons abordé dans un autre article [https://wp.me/p7oUiH-13H] cette juxtaposition de la personne de Jésus-Christ à celle de Dieu le Père, mais nous devons ici noter à nouveau que l’unicité de Dieu inclut la personne du Christ dans l’acte même de la création : par qui sont toutes choses, et pour qui nous sommes.

Simple essence spirituelle

Mais que signifie simple essence ? Simplement que l’essence divine qui est une, n’est pas un composite, un alliage, comme par exemple lorsqu’on parle du corps et de l’âme pour les humains, des molécules d’hydrogène et d’oxygène pour décrire la composition chimique de l’eau. Quant à sa nature spirituelle, elle se différencie radicalement de tout ce qui matériel, ce qui appartient au domaine de la réalité matérielle dans l’univers.  Au chapitre quatre de l’évangile selon Jean (v.24), Jésus, parlant à la femme samaritaine rencontrée un jour de grande chaleur au puits de Sychar, lui déclarera, au cours de leur conversation : Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité.   Tout aussi explicitement, mais s’adressant cette fois à des philosophes païens, sur la colline de Mars, à Athènes (Actes 17.29), l’apôtre Paul leur affirmera : Nous ne devons pas penser que la divinité soit semblable à de l’or, à de l’argent, ou à de la pierre, sculptés par l’art et l’imagination des hommes.

Éternité

Qu’en est-il maintenant de l’éternité en tant qu’attribut divin ? Cette éternité est évidemment en lien avec l’essence spirituelle de Dieu.  L’éternité divine se situe dans une sphère totalement transcendante, c’est-à-dire surpassant infiniment celle de la temporalité – du temps donc –. Celle-ci relève de l’univers créé. Un Dieu qui ne serait pas éternel, qui serait soumis au temps, est par définition un Dieu qui se confondrait quelque part avec l’univers, étant même le produit de ce dernier, comme les théogonies égyptiennes l’imaginaient avec leurs divinités païennes émergées du limon originel.  Il aurait eu un commencement et aura certainement une fin si cet univers avance, à plus ou moins longue échéance, vers sa destruction inéluctable.

Ou alors il nous faudrait soutenir que l’univers, avec lequel Dieu se confond d’une manière ou d’une autre, n’a jamais eu de commencement et n’aura jamais de fin, cet univers est lui-même éternel, quoiqu’en perpétuel devenir et incessant changement. Mais en tout état de cause, dans cette optique Dieu ne saurait être celui qui l’a créé, depuis sa sphère d’existence éternelle. Dieu est alors totalement contingent à la matière, soumis aux aléas qui la traversent et donc un être en perpétuel changement et devenir.

Dans la Bible, au troisième chapitre de l’Exode, lorsque Dieu se révèle à Moïse au sein du buisson ardent, et que Moïse lui demande de décliner son nom, afin qu’il puisse dire au peuple d’Israël quel est celui qui l’envoie vers eux, Dieu se révèle comme Je suis celui qui suis, ou, traduit légèrement différemment : je suis qui je suis. C’est ce qui a amené Robert Olivétan, le premier traducteur de la Bible hébraïque en français, en 1535, à forger le nom l’Éternel pour rendre compte du fameux tétragramme, les quatre lettres qui, en hébreu,  forment ce nom :  Yahweh.

Dans l’Ancien Testament, le psaume 90 est peut-être celui qui rend ceci le plus explicite (v.2) : Avant que les montagnes soient nées, et que tu aies donné un commencement à la terre et au monde, d’éternité en éternité tu es Dieu. Toujours dans l’Ancien Testament, le livre du prophète Esaïe regorge d’affirmations similaires, comme au chapitre 48.12-13 : Écoute-moi, Jacob ! Israël, que j’ai appelé ! C’est moi, moi qui suis le premier, c’est aussi moi qui suis le dernier.  Ma main a fondé la terre, et ma droite a déployé les cieux : je les appelle, et ensemble ils se présentent.

Quant au Nouveau Testament, il ne remet aucunement en question ce caractère éternel du Dieu révélé sur les pages de l’Ancien.  Au début du célèbre passage du premier chapitre de la lettre de Paul aux Romains, dans lequel l’apôtre exprime la condamnation universelle du genre humain en raison de la Chute qui a aliéné tout un chacun du Créateur, il écrit ceci : Car ce qu’on peut connaître de Dieu est manifeste pour eux, car Dieu le leur a manifesté.  En effet les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient fort bien depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages.

Dans un second article sur les attributs divins, j’aborderai ceux d’incompréhensibilité, d’invisibilité et d’immutabilité (caractère inchangeable).

Eric Kayayan
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