Les deux articles principaux de la foi chrétienne, ses deux piliers dont tout le reste découle, sont la foi en un seul Dieu existant de toute éternité en trois personnes à la fois distinctes et parfaitement unies, le Père, le Fils et le Saint Esprit ; puis, dans une séquence qui suit l’article précédent, la foi en l’Incarnation du Fils éternel de Dieu, c’est-à-dire sa venue sur terre en tant qu’homme dans l’histoire des hommes, à un moment historique précis de celle-ci. Venue ordonnée de toute éternité par le Père afin d’accomplir le salut d’une humanité autrement vouée à la séparation éternelle d’avec son Créateur.
Trinité et Incarnation, deux doctrines qui nous annoncent que le Dieu créateur à l’origine du monde, est aussi le Dieu Rédempteur qui vivifie toutes choses par son Saint Esprit. Deux piliers dont le rejet équivaut purement et simplement au rejet de la foi chrétienne, et par conséquent du salut qu’elle proclame. Il ne fait pas de doute qu’il s’agit là de deux mystères, au sens de vérités spirituelles comprises et acceptées par la foi sur la base d’une Révélation sur lui-même que Dieu accorde aux hommes dans sa Parole. Elles dépassent, elles transcendent tout ce que l’homme peut imaginer au sujet de Dieu, qui ne se laisse pas enfermer dans les limites de notre raison. Mais elles éclairent en même temps et donnent du sens à tout ce que l’homme cherche à saisir sur son origine et sa destinée, sans pouvoir autrement s’extirper de ses innombrables spéculations.
L’Incarnation a trait à l’événement de la naissance de Jésus-Christ commémoré tous les ans à Noël . Quoi de plus étonnant, de plus renversant, que cette naissance du Fils éternel de Dieu dans une chair semblable à la nôtre dans des conditions de dénuement total ? Une mangeoire, une crèche, car, nous rapporte l’évangéliste Luc, il n’y avait pas de place à l’hôtellerie de Bethléhem, la ville où Joseph et Marie s’étaient rendus en raison d’un ordre de recensement. Cela bouleverse totalement nos idées préconçues sur la manière dont Dieu devrait agir pour un acte d’une si grande portée. L’union de la nature divine du Fils éternel avec la nature humaine héritée de sa mère Marie demeure un premier mystère, mais sans cette union, comment le Christ pourrait-il être le médiateur parfait entre Dieu et les hommes ? Et puis, si ce dénuement nous semble indigne de la personne divine venue vivre sur terre avec nous, comment prendrait-il sur lui notre faiblesse, notre pauvreté, notre indignité autrement qu’en les assumant dès le début de son existence terrestre ?
Un vieux cantique chrétien l’exprime avec des paroles toutes simples : Dans l’étable misérable, contemplons le nouveau-né ; à la terre, ô mystère, Dieu lui-même s’est donné.
