LA VIE HUMAINE : UN CONTINUUM DÈS LA CONCEPTION

Une exposition permanente sur le corps humain

A quelques centaines de mètres de la gare principale d’Amsterdam se situe un petit immeuble qui présente sur cinq étages une fascinante exposition permanente sur le corps humain, à partir d’authentiques organes et de parties du corps préservés tels quels, le tout accompagné d’explications sur leur fonctionnement et sur l’anatomie humaine en général. Âmes sensibles s’abstenir… Cela commence en haut de l’immeuble avec tout ce qui concerne la tête, plus particulièrement le cerveau, puis on passe au cœur et aux poumons. On pourra ainsi comparer un poumon sain avec un poumon complètement abîmé par le tabagisme, et même les palper ! L’on redescend ainsi d’étage en étage pour aboutir aux pieds.  Sans surprise (nous sommes à Amsterdam au 21e siècle…) le sous-sol, réservé aux plus de seize ans, s’intéresse plus particulièrement à la zone qu’on situe traditionnellement au-dessous de la ceinture.

Il est d’autant plus frappant de lire, sur l’espace consacré à la conception et à l’embryon humain, ce qui suit, traduit littéralement :

La vie commence avec une simple cellule ou zygote, après que le sperme du père a fertilisé l’ovule de la mère.  Le zygote contient le génome humain, le plan individuel d’un être humain.  Il consiste en paires de gènes des parents, organisées en chromosomes.

Cet ensemble spécial de chromosomes qui n’a jamais existé auparavant et ne sera jamais recréé, détermine les traits et caractéristiques de l’être humain conçu.  Le zygote travaille dur et sans relâche.  Environ trente heures après la conception, il commence à se diviser et entreprend le voyage vers le tube fallopien.  Au cours de ce voyage, il continue à se diviser en de multiples cellules.  Le sixième jour après la conception, il s’attache à la paroi de l’utérus.

Après environ 266 jours, un nouvel être humain est né, et commence sa vie en dehors du sein maternel.

Cette brève description du processus d’engendrement et de formation d’un nouvel être humain ne met pas un moment en doute qu’une vie humaine unique, caractérisée par un génome unique, est en route dès la fertilisation de l’ovule par le sperme.  Si un nouvel être humain commence sa vie extra utérine environ 266 jours après la conception, cette vie unique a bel et bien débuté lors de l’instant extraordinaire de la fertilisation, durant lequel ce génome unique est apparu.  Dès le commencement, l’être humain conçu est distinct de celui de la mère qui le porte. S’il n’est pas entravé mécaniquement ou chimiquement, ou encore n’aboutit pas à une fausse couche (ce qui est considéré comme un accident, et toujours vécu par la mère comme un douloureux traumatisme), il va continuer à se développer comme tel. Continuum : Objet ou phénomène progressif dont on ne peut considérer une partie que par abstraction, lit-on dans le dictionnaire Robert comme définition secondaire à l’entrée correspondante. La consultation de n’importe quel site concernant la croissance de l’embryon humain permet à tout un chacun de suivre les étapes de la formation en continuum des différentes parties du corps humain, semaine après semaine : le cœur du petit être, qui n’est pas celui de sa mère, ne bat-il pas dès la cinquième semaine ?

Un scandale inacceptable

Ce qui est une évidence biologique, que ne remet pas un moment en question notre exposition permanente au cœur d’une ville aussi sécularisée que peut l’être Amsterdam aujourd’hui, demeure pourtant un scandale inacceptable pour une majorité de nos contemporains, attachés au droit de mettre fin à cette vie en cours de développement durant sa phase initiale. Pour toutes sortes de motifs – dont celui de convenance personnelle – on n’a eu de cesse de repousser progressivement le seuil de ce que l’on appelle pudiquement une « interruption volontaire de grossesse » : dix semaines, douze semaines, quatorze semaines, dans certains cas jusqu’à la veille de la naissance…  Les personnels médicaux de cliniques ou d’hôpitaux ont même reçu pour consigne de s’assurer que le taux de ces « interruptions volontaires de grossesse » demeure aussi élevé que possible dans leur établissement respectif, de manière à rassurer tous ceux qui craignent que ce droit ne soit pas mis en pratique avec toute l’ampleur qu’il mérite, voire qu’il puisse être remis en question (et gare aux subventions si ces quotas ne sont pas respectés – témoignage du maire d’une ville moyenne de France à l’appui). Afin de parfaire ce parcours suicidaire à l’échelle de pays qui reconnaissent pourtant souffrir d’une dénatalité angoissante pour leur futur démographique et économique, il est aujourd’hui question, dans un continuum inversé et apparemment irréversible, d’inscrire ce droit dans notre Constitution comme quelque chose de sacré, au même titre que la liberté d’expression ou l’égalité devant la justice (alors même que celles-ci sont de plus en plus mises à mal sur un nombre croissant de terrains.  Qu’adviendra-t-il, entre autres, de la clause de conscience garantie dans la loi de 1975 pour les médecins et le personnel soignant?) Que les députés de l’Assemblée Nationale aient récemment entériné par un vote de 493 voix contre 30 ce choix en faveur d’une telle inscription, et qu’un vote des deux chambres réunies en Congrès l’ait peu après avalisé par un vote de 780 pour et 72 contre (soit dix contre un), en dit long sur l’état de la conscience collective d’un peuple et de sa représentation nationale.  Faut-il pour autant se taire, accepter un tel geste public comme une avancée sociétale irréversible et bénéfique pour le corps social ?

Quel corps, quel choix ?

Aujourd’hui (ce n’était pas le cas dans la loi de 1975) la légitimation de l’avortement repose sur un argument féministe massue qu’on assène volontiers sous forme de slogan aux récalcitrants, à tous ceux que l’on considère comme de dangereux réactionnaires : Mon corps, mon choix.   Il est donc de mise de donner la parole à des femmes courageuses qui ne partagent pas (ou plus) ces slogans et diktats, et le font savoir publiquement, sans honte et sans réserve. Ainsi la blogueuse noire américaine Candace Owens, revenue il y a quelques années de vues très libérales à cet égard, s’est adressée un jour aux féministes répétant à l’envi le slogan en question, en leur lançant : Quoi, tu as un corps avec deux têtes, un corps avec quatre bras, deux cœurs, deux jambes ?? A cette interpellation parfaitement en ligne avec ce que nous apprend l’exposition sur le corps humain à Amsterdam, on pourrait ajouter : Quoi, tu as un corps avec deux têtes, un corps avec quatre bras, deux cœurs, deux jambes ? Mais tu es un véritable monstre ma chère…

 Une vie humaine ou un déchet indésirable ?

Ne pas nier l’existence de nombreux drames personnels liés au fait de devenir enceinte dans des conditions ou circonstances très difficiles, est une chose, un état de fait qui appellera toujours et avec urgence des réponses appropriées.  C’est ce vers quoi devrait tendre dans son ensemble toute société  qui se dit civilisée (la nôtre peut-elle prétendre l’être ?) Y répondre en soutenant qu’une vie humaine distincte reçue et hébergée dans le corps maternel n’est qu’un ensemble de tissus humains qu’on peut envisager comme cancéreux, disposant de telles excrétions comme on l’entend à partir du moment où on a décidé de les considérer comme importuns pour quelque raison que ce soit, en est une autre.  A partir de là il est évident que la notion de scandale inacceptable revêt pour les uns et les autres une signification totalement opposée.  Quel choix est-il laissé au petit être vivant sans défense, au corps distinct de celui de sa mère, protégé et nourri en son sein ?  La déclaration initiale de la loi de 1975 ne stipulait-elle pas: “La loi garantit le respect de tout être humain dès le commencement de la vie” en faisant sienne la notion de continuum de cette vie depuis la conception ? Qu’en est-il advenu, et pourquoi?

Nous tous qui sommes bel et bien nés, nous avons tous été au début de notre propre vie dans ce même état. Cela est exprimé de manière inimitable au psaume 139, en un langage poétique tourné par son auteur vers la contemplation des œuvres merveilleuses de l’Auteur de ses jours : C’est toi qui as formé mes reins, qui m’a tenu caché dans le sein de ma mère.  Je te célèbre ; car je suis une créature merveilleuse.  Tes œuvres sont des merveilles, et mon âme le reconnaît bien. Mon corps n’était pas caché devant toi, lorsque j’ai été fait en secret, tissé dans les profondeurs de la terre…  Avons-nous donc perdu tout sens de solidarité, de fraternité et d’empathie vis-à-vis de ceux qui commencent leur course comme nous avons commencé la nôtre ? Sur quel fondement décider que ma vie aurait davantage de valeur que la leur ? Pour paraphraser un fameux slogan publicitaire des années soixante-dix en l’appliquant à chacun des 234 300 petits êtres humains dont la vie a été brutalement interrompue en France en 2022 : Parce que je le vaux bien, ou encore parce que nous le valons bien. On ne semble pas se rendre compte non plus à quel point on scie la branche sur laquelle on est assis lorsqu’on méprise la protection des plus petits et des plus faibles êtres humains. Il n’existe alors plus aucune barrière pour empêcher qu’on se mette à éliminer ceux qui, au gré des idéologies dominantes, seront progressivement considérés comme des nuisances sociales, des fardeaux trop lourds à supporter pour la société…

Se taire ou ne pas se taire : telle est la question

Si parler de ce sujet de manière contradictoire et articulée sur la base de convictions chrétiennes ancrées dans la Parole de vie doit vous faire qualifier d’ennemis du genre humain parce que vous n’êtes pas tombés dans cet effet de sidération et d’aveuglement, eh bien qu’il en soit ainsi ! Après tout, les premiers chrétiens ne furent-ils pas accusés d’être précisément ces ennemis-là,  et même de commettre des infanticides voire d’être des cannibales  (odio generis humani, comme le rapporte l’historien romain Tacite dans ses Annales en évoquant l’incendie de Rome sous Néron)?

Et si un matraquage idéologique par accumulation de slogans et par une pression médiatique quasi unilatérale ont effectivement créé un effet de sidération mentale et morale dans l’esprit de la majorité des individus, au point de bloquer toute considération ou réflexion éthique contradictoire sur ce sujet, cela signifie-t-il qu’un silence macabre doive désormais régner sans partage ? Être puis ne plus être au tout début de sa vie, voilà la question, laquelle en entraîne inévitablement une autre :  se taire ou ne pas se taire.  Un passage du livre des Proverbes sur lequel il convient de méditer (24.11-12) appelle à la vigilance vis-à-vis du meurtre des innocents, ceux qu’on entraîne vers la mort en laissant faire, et à la confrontation qui attendra tous ceux qui auront volontairement fermé les yeux en disant qu’ils ne savaient pas.

Eric Kayayan
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