La dernière parole de Jésus-Christ sur la croix qui nous est rapportée par les évangiles, provient de l’évangile selon Luc: Alors Jésus poussa un grand cri: « Père, je remets mon esprit entre tes mains ». Après avoir dit ces mots, il mourut.
Jean Calvin commente ce passage comme suit: Il a donné à entendre que bien qu’il ait été très durement assailli par de violentes tentations, cependant sa foi n’a pas été ébranlée mais est restée ferme et invincible. Il n’était pas possible de remporter un triomphe plus magnifique, que lorsque Christ déclare avec fermeté que Dieu est le gardien fidèle de son âme, que tous pensaient être perdue. Comme cependant tous faisaient la sourde oreille et que c’était peine perdue de s’adresser à eux, il s’est adressé droit à Dieu et a déposé le témoignage de sa foi en son sein. Certes il voulait aussi que les hommes entendent ce qu’il disait: mais comme il n’y avait aucun profit à retirer en s’adressant aux hommes, il s’est contenté d’avoir Dieu comme seul témoin. De la même manière il n’y a pas de plus vive et ferme approbation de la foi que lorsqu’un homme fidèle se voyant attaqué de tous côtés, de telle sorte qu’il ne trouve aucune consolation auprès des hommes, se décharge de ses douleurs et de ses inquiétudes au sein de Dieu, et s’appuie sur les promesses divines en méprisant la rage de tous ceux qui l’entourent.” Notons qu’ici aussi Jésus reprend un psaume, le psaume 31, au verset 6: Je remets mon esprit entre tes mains, tu m’as libéré, Eternel, toi, le Dieu véritable.
Concluons par cet extrait d’une homélie du père de l’Eglise Grégoire de Nazianze, qui vivait en Cappadoce, aujourd’hui en Turquie, au cinquième siècle après Jésus-Christ:
Hier j’ai été crucifié avec lui; aujourd’hui je suis glorifié avec lui. Hier je suis mort avec lui, aujourd’hui je suis ressuscité avec lui. Apportons une offrande à celui qui a souffert pour nous et qui est ressuscité. Peut-être pensez-vous que je vais dire: une offrande d’or, d’argent, de broderies, de pierres précieuses transparentes, toutes choses terrestres et passagères qui d’ailleurs sont possédées surtout par de mauvaises gens, des esclaves du monde et du Prince de ce monde. Non, offrons-nous nous mêmes comme la possession qui est pour Dieu la plus précieuse et la plus adéquate; rendons à l’image divine ce qui a été créé à l’image de Dieu. Reconnaissons notre propre valeur en glorifiant celui qui est notre grand modèle; connaissons la puissance du mystère pour lequel Christ est mort. Devenons comme Christ, car Christ est devenu comme nous. Devenons la propriété de Dieu pour la cause du Christ, car il s’est fait homme pour notre cause. Il a revêtu ce qui est le pire, afin de nous donner ce qui est le meilleur. Il est devenu pauvre afin que par sa pauvreté nous soyons enrichis; il a pris la forme d’un esclave afin que nous puissions recouvrer notre liberté. Il s’est abaissé afin que nous soyons élevés. Il a été tenté afin que nous puissions remporter la victoire; il a été humilié afin qu’il puisse nous glorifier; il est mort afin de nous sauver; il est monté au ciel afin de nous attirer vers lui, nous qui étions tombés si bas dans la Chute. Donnons tout, offrons tout, à celui qui s’est donné lui-même comme prix pour notre rachat et notre réconciliation. Car nous ne pouvons rien donner d’autre que nous mêmes, alors que saisissons le mystère, et devenons pour lui ce qu’il est devenu pour nous.