LA RÉSURRECTION DU CHRIST : UN ANACHRONISME AUJOURD’HUI?

Anachronisme : confusion de dates, attribution à une époque de ce qui appartient à une autre. C’est la définition que donne le Petit Robert du mot anachronisme. Les anachronismes sont des erreurs de jugement trop souvent commises dans des raisonnements ou des arguments qu’on veut fonder sur des considérations historiques, alors qu’on s’emmêle justement les pinceaux avec les dates, les époques, les idées ou croyances dominantes à telle ou telle période de l’histoire.

C’est particulièrement vrai de tous ces théologiens ou ecclésiastiques qui cherchent à rendre caduque le témoignage des disciples sur la résurrection corporelle de Jésus-Christ, en tâchant de faire croire qu’on a affaire au mieux à une simple représentation symbolique, spiritualisée, qui concerne la présence pérenne de cet enseignant hors-pair que fut Jésus de Nazareth; au pire d’hallucinations de disciples exaltés voire illuminés s’imaginant l’avoir réellement vu et touché en chair et en os.  Ils me diront sans doute que c’est moi qui commets un anachronisme en m’attachant à une conception bien naïve et primaire de la résurrection, qui n’a plus lieu d’être à notre époque rationnelle et évoluée.  Mais ce serait énoncer là un simple jugement de valeur, qui n’a rien d’anachronique au sens précis de ce terme, pas plus qu’il n’est anachronique aujourd’hui de préférer utiliser des chevaux de trait dans les vignes à des fins d’agriculture biologique, plutôt que des machines sophistiquées qui déstructurent le sol.

Ce qui en revanche est tout à fait anachronique et parfaitement irrationnel, est de s’imaginer que les disciples du Christ, qui vivaient au premier siècle de notre ère, réagissaient et raisonnaient comme des disciples de Spinoza ou d’Emmanuel Kant, cherchant à transmettre autour d’eux un message reconstruit à la sauce des philosophes du 18e siècle.  Rien ne saurait évidemment être plus éloigné de la réalité historique et religieuse. Il faut même une bonne dose d’aveuglement voire de duplicité pour essayer de semer ce genre de confusion dans les esprits.  Que depuis deux ou trois siècles tout un courant de pensée tienne les récits évangéliques, ceux des miracles ou de la résurrection, pour des mythes, est une chose.  C’en est une autre que d’essayer de faire croire que ceux qui les ont rapportés n’y attachaient aucune signification événementielle au sens historique du mot, et les tenaient eux-mêmes pour de simples mythes, certes revêtus d’une profonde portée existentielle (comme le sont du reste les mythes grecs).  En fait ces témoins ont rejeté en des termes on ne peut plus clair une telle assertion.  Ils affirmaient que le message qu’ils proclamaient, et la transformation radicale de vie qui lui était associée, ne relevait aucunement des fables, grecques ou autres (1 Tim.  4.7 ; 2 Tim. 4.4 ; 2 Pierre 1.16). Il faut donc convenir que le filtre sceptique et rationaliste de lecture qu’on tâche d’imposer aux textes du Nouveau Testament n’est rien d’autre qu’un choix purement subjectif, reposant sur une préférence idéologique et philosophique qui précède le sens des textes pris dans leur propre contexte, tels qu’ils ont été transmis par les témoins des événements rapportés.  Pour faire court, je qualifierai ceci d’anachronisme idéologique (une imposture qui n’est pas une simple ignorance, mais une volonté de travestissement).

Lorsque l’apôtre Paul a été amené à s’exprimer publiquement devant l’Aréopage, sur la colline de Mars d’Athènes, à l’invitation des philosophes stoïciens et épicuriens de l’époque, il a pris comme point de contact pour leur annoncer l’Évangile du Christ ressuscité un autel dédié « à un dieu inconnu » qu’il avait croisé en se promenant dans leur ville.  C’est ce qui nous est rapporté aux chapitre 17 du Livre des Actes des Apôtres dans le Nouveau Testament. Paul, irrité par la présence d’innombrables statues d’idoles païennes qui foisonnaient chez ces gens pensant généralement être plus civilisés que les autres nations (les barbares), s’est servi de cet autel dédié à un dieu inconnu pour leur parler du Dieu créateur de l’univers qui se laisse connaître et a laissé en chacun un témoignage de sa présence. Il ne peut être représenté sous forme de créature mais Il s’est révélé de la manière la plus spéciale et crédible en ressuscitant l’homme qu’Il a envoyé et par lequel Il jugera le monde entier (17.31).  Cette mention d’une résurrection physique attestée, a provoqué les moqueries de certains de ses auditeurs, tandis que d’autres lui ont signifié qu’ils l’entendraient une autre fois à ce sujet.

Cet épisode démontre avec force que les philosophes grecs auxquels Paul s’adressait ont parfaitement compris qu’il leur parlait d’une résurrection corporelle, physique, et non d’une simple vision ou d’une allégorie symbolique.  Si la plupart ont cessé d’écouter Paul au moment où il leur a parlé de la résurrection de Jésus en ces termes, c’est parce que cela représentait pour eux une folie qui ne méritait pas qu’on y prête davantage attention.  S’il en avait été autrement, ils auraient sans doute continué à écouter son discours.  Ceci nous montre aussi que les efforts modernes des uns ou des autres pour ramener la résurrection du Christ à une simple allégorie ou un pur symbole, sont en contradiction directe avec le sens et la portée que Paul, avec tous les autres disciples, ont constamment attribués à cet événement, sur la base des témoignages oculaires. Paul, écrivant de manière explicite à ce sujet aux chrétiens de la ville de Corinthe, dont certains mettaient en doute la réalité historique et physique de la résurrection du Christ, les appelle à se tenir à ce qui leur a été transmis en termes non équivoques. Autrement, leur dit-il, vous auriez cru en vain et nous serions de faux témoins à l’égard de Dieu puisque nous avons témoigné contre Dieu qu’il a ressuscité le Christ, tandis qu’il ne l’aurait pas ressuscité, si les morts ne ressuscitent pas (1 Cor. 15.14-15).

Il est à peine utile d’ajouter que la querelle entre ceux qui maintiennent la résurrection corporelle – non seulement du Christ mais de tous les morts à la fin des temps – et ceux qui ne la soutiennent pas, n’est pas apparue à Corinthe ou à Athènes. C’était l’un des points de discorde bien connus entre les Pharisiens et les Sadducéens à l’époque de Paul.  Son appel à la résurrection des morts devant le Sanhédrin de Jérusalem (Actes 23.6-8) en témoigne.  À cet égard, les paroles de Jésus lui-même aux Sadducéens en Matthieu 22.30-32 sont sans équivoque.  Il faudrait mythologiser et allégoriser le texte au maximum pour le lire et le comprendre différemment.

Il est frappant de constater aujourd’hui que pour beaucoup au sein même de l’Église, il faut à tout prix abattre deux doctrines :  celle de la résurrection corporelle de Jésus-Christ et celle du jugement universel qu’il viendra exercer.  Cela même qui fit l’objet des railleries des philosophes stoïciens et épicuriens de l’Aréopage.  Ces discours qui reprennent en chœur le scepticisme et les moqueries des philosophes athéniens ne cherchent-ils pas ainsi à bloquer toute forme de repentance sincère devant Dieu ?  Ils semblent n’avoir au fond qu’un objectif et une finalité, en dépit de toutes sortes de belles paroles spiritualisantes ou moralisantes souvent déversées avec talent et moult effets oratoires: nous ramener à un dieu inconnu et inconnaissable égaré quelque part au milieu des innombrables idoles païennes qui encombrent les avenues de notre société, étouffant ceux qui les adorent.

Eric Kayayan
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