Un des passages les plus connus du sermon sur la Montagne de Jésus (Matthieu chapitre 7), est celui où il dit : Ne jugez pas, afin de ne pas être jugés. C’est du jugement dont vous jugez qu’on vous jugera, de la mesure dont vous mesurez qu’on vous mesurera. Dans l’évangile selon Jean, au chapitre 12, Jésus dit encore : Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles, a son juge : la parole que j’ai prononcée, c’est elle qui le jugera au dernier jour. Plus loin, dans le Nouveau Testament, l’apôtre Paul écrivant aux chrétiens de Corinthe à propos des différends qu’ils peuvent avoir entre eux et la manière de s’y prendre pour les résoudre, leur dit (1 Cor 6:2-3) : Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ? Et si c’est par vous que le monde est jugé, seriez-vous indignes de juger les affaires de moindre importance ? Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges ? Pourquoi pas, à plus forte raison, les affaires de cette vie. D’ailleurs un peu auparavant (2 :14-15) il leur a écrit: L’homme naturel ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge. L’homme spirituel, au contraire, juge de tout, et il n’est lui-même jugé par personne.
Alors ces différents enseignements sur la question de juger ou ne pas juger, sont-ils contradictoires ? En fait la Bible enseigne d’une part à ne pas porter un jugement final ici-bas sur les uns et les autres avec orgueil comme si l’on était soi-même Dieu, au risque de se voir confronté par lui à nos propres erreurs et errements, pour notre propre honte; mais d’autre part à bien discerner spirituellement ce qui doit l’être afin de ne pas se laisser entraîner sur des voies glissantes, ou encore à reprendre avec amour quelqu’un qui est en grand danger car il se trouve justement sur cette voie glissante. En particulier, il est important de savoir discerner entre un enseignement juste et vrai, et un faux enseignement qui est peut-être séduisant, mais qui égare celui qui s’y laisse prendre. Jésus lui-même dit, dans le sermon sur la Montagne (ch.7 :15-20) : Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous comme des brebis mais au-dedans ce sont des loups ravisseurs. Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons ? Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre produit de mauvais fruit. Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits. Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. C’est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez.
Jésus enseigne donc à faire preuve de sain jugement spirituel, ce qui implique en premier lieu de ne pas s’attribuer des prérogatives divines dans la manière dont nous jugeons, tout en sachant discerner ce qui est juste de ce qui ne l’est pas à la lumière de la Parole divine.
