Comment prier Dieu? Voilà le thème qui nous occupe aujourd’hui, et que j’ai abordé dans un premier article posté tout récemment. Nous avons vu qu’il est non seulement possible de s’adresser à Dieu personnellement, mais que Dieu lui-même, qui se présente à nous comme un Père céleste, nous le demande. Il rend même cette communication possible par le biais, ou la médiation, de son Fils Jésus-Christ, qui nous sert d’avocat auprès de lui. Et son Esprit Saint porte aussi nos faibles prières devant son trône de grâce.
Pourtant, prier Dieu de manière spirituelle, requiert une attitude correcte, attitude faite à la fois d’humilité et de confiance. Un des textes bibliques que j’ai cité dans mon premier article est tiré de la lettre de Paul aux Chrétiens de Rome, au chapitre 8. Il souligne que nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières, c’est pourquoi l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables, et celui qui sonde les coeurs connaît quelle est l’intention de l’Esprit: c’est selon Dieu qu’il intercède en faveur des saints.
Mais alors, si nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières, faut-il faire connaître nos requêtes à Dieu? Est-il mauvais de demander certaines choses précises à Dieu dans notre prière? Non, certainement pas, à condition que nous le demandions dans l’attitude requise: une attitude d’humilité qui non seulement accepte la volonté de Dieu, mais demande activement que cette volonté soit faite. On ne peut prier de manière arrogante, comme si l’on pouvait extorquer à Dieu quoi que ce soit, à forces de paroles et de répétitions lassantes.
Le même apôtre Paul, dans sa lettre aux chrétiens de la ville de Philippes, nous décrit – et prescrit – l’attitude correcte que nous devons avoir (4.6): Ne vous inquiétez de rien; mais en toutes choses, par la prière et la supplication, avec des actions de grâces, faites connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos coeurs et vos pensées en Christ-Jésus. Paul, dans ce passage, nous indique aussi le fruit d’une prière sincère et accompagnée d’actions de grâces: il s’agit de la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence. En effet, les requêtes que nous présentons à Dieu, aussi motivées soient-elles de notre part, aussi conformes soient-elles à ce que nous savons de sa volonté, ne seront pas forcément exaucées de la manière que nous souhaitons. Bien souvent, elles ne seront pas non plus exaucées dans les délais que nous aimerions fixer nous-mêmes. Le plan de Dieu pour notre vie personnelle n’est pas forcément celui que nous avons en vue. Notre patience sera maintes fois éprouvée, car le temps de Dieu n’est pas le temps des hommes. A ses yeux, mille ans sont comme le jour d’hier, quand il passe, et comme une veille de la nuit, nous enseigne le psaume 90. C’est pourquoi Paul a dit que nous ne savons pas ce qu’il convient de demander. Car ce que nous demandons va bien souvent à l’encontre de ce que Dieu veut pour nous. De plus, nos paroles sont loin d’être acceptables par elles-mêmes devant Dieu.
Mais cela n’est désormais plus un obstacle, puisque, comme nous l’avons vu, l’Esprit de Dieu pallie à cette faiblesse, et transmet devant Dieu notre prière en une langue acceptable pour lui. Il intercède pour nous “selon Dieu” dit Paul, c’est-à-dire qu’il rend nos prières conformes à la volonté parfaite de Dieu, tandis que Jésus-Christ se fait aussi l’avocat de cette prière purifiée par l’Esprit. C’est d’ailleurs pourquoi nous pouvons terminer notre prière avec les mots “en Jésus-Christ”, ou “au nom de Jésus-Christ”, mentionnant par là que nous savons qui intercède pour nous auprès du Père, qui est notre seul médiateur et avocat. Dès lors, notre prière sera bien exaucée, même si ce n’est pas de la façon dont nous l’envisageons ou le souhaitons. Elle sera exaucée au sens où elle confirmera le plan de Dieu pour notre vie.
Qui plus est, une prière sincère, qui accepte de se soumettre à la volonté de Dieu, ne manquera pas de recevoir cette paix de Dieu qui surpasse toute intelligence: l’intelligence humaine ne comprend la paix que comme la réalisation des désirs les plus profonds que l’on a. Mais la paix de Dieu surpasse de loin cette notion, car elle est donnée même à ceux qui ne reçoivent pas ce qu’ils ont tant souhaité: leurs pensées sont gardées en Jésus-Christ, et cela compte pour eux plus encore que l’exaucement de leurs désirs.