La crise identitaire est partout, on ne parle que de cela. Qui sommes-nous, que sommes-nous, en tant qu’individus ou en tant que communautés, nationales ou autres? Comment se définir avec un minimum de certitude pour réagir, progresser, fonctionner de manière jugée satisfaisante? L’insécurité règne au plus profond dans nos sociétés contemporaines car plus personne ne semble savoir où il en est. Trop de choses bougent trop rapidement. Les perspectives globalisantes, aussi fascinantes qu’angoissantes, nous envahissent à chaque instant en particulier via les média. Du reste cette insécurité identitaire peut facilement devenir une cause de peur et d’agressivité, menant inéluctablement à un autre type d’insécurité, accompagnée de violences cette fois. Comment s’en sortir?
Uniquement en faisant le bon diagnostic. Il y a d’abord une crise identitaire chez les individus parce qu’ils ne savent pas d’où ils viennent et quel est leur mandat, leur raison d’être sur terre, donc leur finalité. Comment voulez-vous qu’il en soit autrement lorsque l’on vous répète à longueur de journée que vous n’êtes que le produit du hasard, du chaos, de mutations génétiques hasardeuses qui au cours de milliards d’années ont donné naissance à un type d’organisme vivant appelé l’homo sapiens, appelé lui aussi à se transformer dans le futur en on ne sait trop quoi? Aucun dessein, aucun plan n’a présidé à son apparition au sein d’un univers qui, quant à lui, n’a ni but ni sens. La seule chose qui serait sûre, c’est que nous sommes tous porteurs du gêne égoïste qui recherche avant tout son propre intérêt, fût-ce au détriment de celui des autres. En on veut encore fonder l’égalité et la fraternité sur un tel socle idéologique en prétextant d’une fumeuse liberté à s’auto-déterminer entièrement! Au fil du temps, nous serions en effet devenus les auteurs et acteurs conscients de notre propre évolution, en lui conférant la direction qui exprime le mieux nos fantasmes…
Pour le croyant chrétien, l’identité fondamentale de l’être humain c’est une analogie avec un autre être, totalement transcendant lui, c’est-à-dire existant au-delà de l’univers visible, tout en étant la source de cet univers: Dieu le Créateur. Une relation avec le Créateur est non seulement possible à cause de cette analogie, mais elle est de plus inévitable car ce Créateur est aussi celui qui rend à chaque instant la vie sur terre possible: il la maintient et la renouvelle par son Esprit et sa Parole divine toute puissante. Il ne l’abandonne pas à elle-même. C’est en tout premier lieu dans cette relation que l’être humain trouve son identité: en connaissant Dieu, il parvient à se connaître lui-même. Il se connaît d’abord comme créature en état de rupture avec Dieu, c’est-à-dire ayant perdu ses repères par rapport au Créateur. Pour guérir des maux qui l’affectent, il lui faut avant toute chose retrouver ces repères. Il se connaît comme créature qui doit regarder au modèle d’homme parfait donné par Dieu en la personne de son Fils Jésus-Christ. En unissant dans sa personne une nature divine et une nature humaine sans qu’elles soient ni confondues ni mélangées, Christ est venu pour restaurer en nous l’image divine abîmée. Une identité retrouvée, restaurée, passe essentiellement par un lien indéfectible avec Jésus-Christ, le lien de la foi. Pour vivre de sa vie, il faut être greffé en lui par la foi.
Voici du reste les paroles qu’il a adressées un jour à ses disciples et qu’on peut lire au chapitre 15 de l’évangile selon Jean, dans le Nouveau Testament de la Bible (c’est ce disciple qui a recueilli ces paroles de sa bouche même et nous les a transmises): Je suis le cep de la vigne, vous en êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, portera du fruit en abondance, car sans moi vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, on le jette hors du vignoble, comme les sarments coupés: ils se dessèchent, puis on les ramasse, on y met le feu et ils brûlent. Mais si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, vous l’obtiendrez. Si vous produisez du fruit en abondance et que vous prouvez ainsi que vous êtes vraiment mes disciples, la gloire de mon Père apparaîtra aux yeux de tous.
Voilà donc l’identité retrouvée à laquelle il faut aspirer: étant greffé par une foi vivante sur Jésus-Christ, en son enseignement, on commence à mener une vie nouvelle qui rend gloire à Dieu le Créateur et la manifeste clairement aux yeux de tous. En découle alors progressivement, au fur et à mesure de notre croissance spirituelle sur le cep, un regard différent sur le monde, sur les relations entre les humains, sur la relation entre l’homme et la nature, sur nos objectifs et nos priorités. On est alors passé du domaine du gêne égoïste à celui du Royaume de Dieu, celui que Jésus Christ est venu manifester en chair et en os.