SATAN, MYTHE OU RÉALITÉ ?

Il est courant d’entendre les adjectifs “diabolique”, voire “satanique” utilisés par ceux-là mêmes qui se déclarent agnostiques, tant peut être incommensurable la dimension du mal mise en oeuvre  par les humains, au point qu’une origine surnaturelle en arrive à lui être attribuée. Et pourtant, la figure de Satan nous est régulièrement présentée comme une pure fiction, un simple symbole de ce qui représente le mal absolu, dans ce qu’il a de plus hideux et monstrueux.  Nous ne pouvons cependant pas nous contenter d’une telle interprétation si nous prenons la Bible au sérieux (ce qu’on nous encourage d’ailleurs à ne jamais faire, tout en appelant toutes sortes d’ouvrages supposés être la somme de connaissances autorisées sur un sujet particulier, la bible de ceci ou de cela: la bible du tricot, du rugby, de la sauce béchamel, que sais-je encore).

La Bible tout court, quant à elle, nous parle de Satan comme d’un être spirituel créé et non éternel, mais déchu de son statut et en perpétuelle rébellion contre Dieu et son Messie.  Il serait trop long de détailler toutes les occurrences de la mention de Satan, à partir du livre de Job dans l’Ancien Testament (et de 1 Chron. 21) jusqu’au livre de l’Apocalypse dans le Nouveau Testament. Il n’est autre que le diable, le diviseur, celui qui par excellence accuse les enfants de Dieu pour leur arracher le salut qui leur a été donné par Grâce (Zach. 3.1-2).  Jésus nomme Satan à maintes reprises, comme lorsqu’au début de l’évangile de Marc il explique à ses disciples qu’un royaume divisé contre lui-même ne peut subsister (3.21-26).  Comme les chefs religieux disaient que Jésus était possédé par Béelzebul, et que c’est par le prince des démons qu’il chassait les démons (car ils ne pouvaient nier la réalité de ces miracles), Jésus, pour montrer l’inanité de leur assertion, répliqua : Si donc Satan se soulève contre lui-même, il est divisé et ne peut subsister, c’en est fini de lui. Il n’y a pas de doute qu’ici comme ailleurs il parle de Satan  non pas comme d’une image symbolique, mais comme d’un personnage bien réel et actif.

Peu avant son arrestation au jardin de Gethsémané, s’adressant à son disciple Simon Pierre, Jésus lui dit : Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous passer au crible, comme le blé.  Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. De quoi Satan pourrait-il bien être le symbole dans un contexte aussi tendu ? On me rétorquera que cela ne prouve pas en soi de manière irréfutable qu’il s’agit d’un personnage réel et non d’une simple figure de langage, puisqu’il est question de passer au crible “comme le blé”.  Mais l’expression “passer au crible” quoiqu’étant de nature métaphorique, n’enlève nullement le sens littéral qu’elle entend convier.  En linguistique, on parle de “métaphore morte” pour désigner ce genre d’expressions.

Prenons le tout début de la fameuse parabole du Semeur telle qu’elle nous est rapportée au chapitre 4 de l’évangile de Marc.  Dans son enseignement à la foule rassemblée autour de lui, Jésus dit : Écoutez : le semeur sortit pour semer. Comme il semait, une partie tomba le long du chemin : les oiseaux vinrent et la mangèrent (etc.) Plus tard, en privé les disciples lui demandent quelle est la signification de cette parabole.  A propos de la première partie il leur répond : Le semeur sème la parole.  Ceux qui sont le long du chemin où la parole est semée, ce sont ceux qui ne l’ont pas plutôt entendue que Satan arrive et enlève la parole qui a été semée en eux. Sans aller plus loin, posons-nous la question suivante: Jésus, dans son explication aux disciples, utiliserait-il le nom de Satan comme une illustration pour quelque chose d’autre, créant ainsi une seconde parabole au sein de la première, alors que ce sont les oiseaux qui, de manière imagée, ont rempli la fonction de langage figuré dans la parabole originale ?  Si tel était le cas, Jésus ne ferait qu’augmenter la confusion des disciples au sujet de la parabole, la rendant plus opaque pour eux.  En outre, de quoi Satan serait-il donc ici le symbole ?  D’un simple oubli ou juste d’une indifférence qui fait qu’on ne prête pas attention à la parole entendue ? Satan ne serait alors pas un agent extérieur objectif, mais rien de plus que notre propre nonchalance, devenue pour le coup « satanique »… Il est évident que cela n’a aucun sens, en particulier dans le contexte de l’utilisation du nom Satan dans les évangiles, et dans toute l’Écriture.

Un autre exemple de Satan comme agent extérieur opposé à Dieu et à son Royaume apparaît dans la première lettre de l’apôtre Paul aux Thessaloniciens, à la fin du chapitre 2. Leur écrivant à propos de son désir de retourner les voir, Paul dit ceci: Pour nous, frères, séparés de vous pour un temps par la vue mais non par le coeur, nous avons cherché avec d’autant plus d’empressement à satisfaire notre vif désir de revoir votre visage.  Aussi, nous avons voulu venir jusqu’à vous, du moins moi Paul, à une ou deux reprises, mais Satan nous en a empêchés.  Paul pourrait très bien invoquer des circonstances contraires qui ne permettent pas encore d’entreprendre tel ou tel voyage ou risquent de le retarder (cf Rom. 1.10-13; Actes 27.4-10).  Si c’est sa nonchalance qui a été la cause du fait qu’il n’a pas pu venir rendre visite aux Thessaloniciens, il leur ment effrontément en déclarant le contraire.  Or, dans ce cas précis, il nomme clairement Satan comme agent extérieur empêchant le voyage projeté.

Ces quelques exemples devraient suffire à faire douter ces esprits “cartésiens” qui ne veulent voir en Satan, tel que la Bible nous le présente, qu’une simple évocation d’un mal étendu, le symbole d’un état imparfait causant de la souffrance dans la vie des uns et des autres. Doute qui pourrait bien leur être salutaire, d’ailleurs, pour peu qu’ils prennent garde à un avertissement que l’on trouve vers la fin du Nouveau Testament (en Jacques 3.7): Soumettez-vous donc à Dieu; résistez au diable, et il fuira loin de vous.  Approchez-vous de Dieu, et il s’approchera de vous.

Eric Kayayan
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