Jacques Saurin sur la nature du péché irrémissible

saurin1-hr2Le pasteur français Jacques Saurin (né à Nîmes en 1677 mort à La Haye en 1730) est un pasteur du Refuge ayant exercé son ministère auprès de la communauté réformée française de La Haye durant le premier tiers du dix-huitième siècle.  Un grand nombre de ses sermons ont été publiés de son vivant et après sa mort (notamment une édition en 12 volumes parue à Londres en 1762,  d’où est tiré cet extrait). 

Si un homme de caractère timide me pose cette question : Peut-on commettre aujourd’hui le péché irrémissible ? Je lui ferai remarquer que ce péché, du moins dans toutes ses circonstances, a un rapport particulier aux miracles dont Dieu confirmait autrefois la doctrine de l’Évangile ; et par conséquent se reconnaître aujourd’hui coupable de ce crime, c’est bien souvent suivre plutôt les mouvements de sa crainte, que les suggestions de la raison.  Je comparerai le crime qui alarme cette conscience avec celui de ces malheureux dont nous vous entretenions [Julien l’Apostat et François Spierra].  Je lui prouverai par cette comparaison que la disposition d’un homme qui blasphémait contre Jésus-Christ, qui livrait une guerre ouverte à tous ceux qui professaient sa doctrine, n’a rien de comparable à l’état d’un autre qui pèche avec remords, et avec repentir, qui lutte contre le vieil homme, et qui, tantôt vainqueur et tantôt vaincu, a bien lieu de reconnaître par ses défaites, que l’amour divin ne brûle pas dans son âme avec toutes ses ardeurs, mais qui doit voir aussi par ses victoires qu’il n’y est pas totalement éteint.  J’obligerai ce chrétien à rentrer plus particulièrement dans lui-même ; je lui ferai considérer cette sainte frayeur qui le remplit, ces terreurs qui l’agitent, ces remords qui le troublent, et je lui ferai voir dans cela même qui cause sa douleur des motifs à l’adoucir.

En général, n’exagérons jamais les matières, ne séparons jamais ce que Jésus-Christ a uni avec un sage tempérament.  Si vous ne fixez les yeux que sur la miséricorde de Dieu, vous y trouverez infailliblement des prétextes à votre sécurité ; si vous vous bornez à considérer sa justice, vous tomberez dans le désespoir.  C’est ce sage tempérament de sévérité et de douceur, de justice et de miséricorde, d’espérance et de frayeur, qui met l’âme dans sa véritable assiette, c’est ce sage tempérament qui fait la beauté de la religion, et qui la rend si efficace pour la conversion des hommes.

(…) Ce qui rendait ce péché atroce par rapport aux apostats, c’était de s’abandonner à cet excès, même après avoir goûté la joie que produit dans une âme l’espérance du salut.  Cela peut se trouver encore chez les chrétiens de nos jours.  Par exemple, un temporaire, un homme qui a reçu la parole avec joie, pour me servir des expressions de Jésus-Christ, un homme qui pendant longtemps a prié avec zèle, qui a communié avec transport, un homme de ce caractère, qui oublie toutes ces choses, qui résiste à tous ces attraits, et qui les sacrifie aux délices que présente une religion antichrétienne, un tel homme n’a pas commis le péché irrémissible, mais il est certain qu’il en a ce caractère, de tomber après avoir été illuminé, après avoir goûté le don céleste.

(…) Et pour recueillir toutes nos réflexions en deux mots, et répondre à la question d’une manière plus précise encore, peut-on commettre aujourd’hui le péché irrémissible ?  Je réponds, on ne peut pas le commettre dans toutes ses circonstances, mais on peut le commettre dans son essence, et dans ce qui en fait l’atrocité.  Il est rare qu’on y tombe, mais cela n’est pas impossible.  Peu de personnes le commettent tout entier ; mais plusieurs le commettent en partie, et dans ses degrés.  Quelques-uns, par une crainte mal fondée, s’imaginent faussement d’en être coupables, mais un plus grand nombre y tend tous les jours, et par un esprit de sécurité manque de s’en apercevoir.  On doit éloigner la pensée d’avoir porté sa corruption jusqu’à cet excès, mais on doit prendre plus de précaution encore pour s’empêcher de l’y porter dans la suite, et d’arriver à un point funeste dont l’on est plus près peut-être que l’on ne pense.

Eric Kayayan
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