Une méditation par Abraham Kuyper (1837-1920) extraite du recueil de cent dix méditations “S’approcher de Dieu” (titre tiré du Psaume 73:28: “Pour moi, m’approcher de Dieu, c’est mon bien”)
La question la plus profonde qui gouverne notre vie chrétienne est celle qui touche à notre communion personnelle avec Dieu. Et dans le Livre des Psaumes, qui est l’épanchement le plus riche d’un cœur pieux, l’on voit comment les désirs les plus profonds se portent toujours et encore vers cette communion divine.
Certes, il y a aussi dans le Livre des Psaumes une mention du lien qui nous lie à Dieu en tant que Créateur, celui qui soutient toutes choses ; et de la relation que, par la foi, celui qui craint Dieu entretient avec le Saint. Mais ce lien et cette relation sont encore autre chose que la communion avec l’Eternel.
Le cœur de celui qui craint Dieu n’a pas de repos tant qu’il n’est pas parvenu à une communion si consciente avec son Dieu, qu’entre lui et le coeur de Dieu il y a une connaissance mutuelle, même le sentiment clair que Dieu a connaissance de nous et nous de Lui.
Ce que nous appelons, entre humains, la compagnie mutuelle, l’association intime, l’union de l’âme dans la fidélité et l’amour, est sous-entendu depuis longtemps dans le Psaume 25:14 : “Le secret du Seigneur est avec ceux qui le craignent, et il leur montrera son alliance”.
De même que deux amis intimement liés traversent la vie ensemble, se dévoilent mutuellement l’un à l’autre et, dans cette marche intime à travers la vie, deviennent les confidents de leurs secrets respectifs, de même on raconte des héros de la foi de l’Ancien Testament qu’ils “marchaient avec Dieu”.
Bien qu’il ne s’agisse là que de figures et de termes empruntés à ceux qui servent à décrire les événements humains, et bien que, lorsque nous voulons décrire notre appréciation de la communion avec notre Dieu, nous ne devrions jamais utiliser ces termes et ces figures autrement qu’avec un profond respect pour sa Divine Majesté, il est néanmoins certain que Dieu lui-même nous les a indiqués à cette fin.
L’Écriture donne l’exemple en la matière, jusqu’à emprunter des images à la vie animale pour illustrer cette communion avec Dieu. De même que Jésus a représenté son amour tendre pour Jérusalem par la figure d’une poule qui rassemble son poulet sous ses ailes, de même David n’a pas seulement dit qu’il demeurerait pour toujours dans le tabernacle du Seigneur, mais aussi qu’il se confierait à l’abri des ailes de Dieu : Je voudrais séjourner éternellement dans ta tente, me réfugier à l’abri de tes ailes (Psaume 61:4).