Au treizième chapitre de sa première lettre aux Chrétiens de Corinthe Paul écrit que l’amour est plus grand que la foi et l’espérance, alors que lui-même a dit que c’est la foi qui sauve. Pourquoi écrit-il cela? Comme c’est la foi qui sauve, n’est-ce pas elle qui doit être plus grande que les autres choses? Citons d’abord le verset en question, qui conclut tout un passage sur l’amour véritable: «En somme, écrit Paul, ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance et l’amour ; mais la plus grande d’entre elles, c’est l’amour. Dans tout ce passage, Paul vient de décrire l’amour véritable, modelé sur celui dont Dieu a fait preuve envers ses enfants rachetés. Cet amour-là est destiné à durer éternellement, alors que la foi et l’espérance, (qui ne caractérisent pas Dieu mais les croyants sincères), disparaîtront à l’avènement final de son Royaume. C’est en ce sens seulement que l’amour est plus grand, puisqu’il ne disparaîtra jamais. Cela ne rend pas moindre le rôle de la foi en Jésus-Christ, laquelle est l’instrument par lequel nous avons accès au salut.
Paul vient juste d’écrire que dans le temps où nous vivons, avant le retour de Jésus-Christ, nous voyons encore de manière indirecte, comme dans un miroir : la foi et l’espérance sont donc nécessaires, mais elles ne subsisteront pas telles que nous les connaissons lorsque Jésus-Christ reviendra. Comme l’écrit Jean Calvin dans son commentaire, la foi et l’espérance appartiennent à un état d’imperfection, tandis que l’amour demeurera même dans un état de perfection. Il écrit aussi que chacun retire personnellement un bénéfice de la foi et l’espérance, mais que l’amour s’étend aux autres, ce qui est une raison supplémentaire pourquoi Paul qualifie l’amour de « plus grand ». Cet amour-là a un nom spécial dans la langue grecque du Nouveau Testament : c’est le mot agapê qui signifie un amour désintéressé, sacrificiel, plein de compassion, qui considère l’intérêt des autres au-dessus du sien propre. Il diffère de la simple amitié ou de la passion amoureuse, pour lesquels d’autres mots sont employés. Il est même prêt à donner sa vie pour les autres.
Vous l’avez compris, cet amour c’est celui dont a fait preuve Jésus-Christ en offrant sa vie sur la Croix pour ses disciples. Peu avant ce don total de sa personne, il leur disait justement : Voici mon commandement : aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Le disciple Jean, qui rapporte ces paroles du Maître dans son évangile, écrit aussi au chapitre trois de sa première lettre: Voyez quel amour le Père nous a donné, puisque nous sommes appelés enfants de Dieu ! Et nous les sommes. L’amour de Dieu le Père manifesté par le don de son Fils Jésus Christ est bien sûr quelque chose qui demeure à jamais, qui ne cessera jamais et qui marquera la vie des enfants de Dieu durant toute l’éternité. Ce don, le Saint Esprit de Dieu en imprime la certitude aux croyants dès maintenant, ils vivent au jour le jour de cette foi et de cette espérance.