A la fin de sa première lettre à Timothée, dans le Nouveau Testament, l’apôtre Paul lui enjoint de garder le dépôt, ce qui lui a été confié par l’apôtre lui-même afin qu’il le transmette à d’autres par sa prédication, par son enseignement en public et en privé. Le terme grec employé possède d’ailleurs une connotation juridique, il s’agit de quelque chose qui est confié à quelqu’un en vue d’une garde officielle. Paul lui recommande aussi d’éviter les discours vains et profanes, toutes sortes de discutailleries ayant l’apparence d’être savantes, mais qui en fait détournent ceux qui les tiennent et ceux qui les écoutent, de ce dépôt sacré, lequel est le véritable trésor à maintenir et à transmettre.
La notion même d’Alliance et celle de transmission sont inséparables, elles impliquent celle de préservation d’un patrimoine spirituel qui doit être conservé vivant, servant à enrichir chaque génération en lui faisant porter des fruits spirituels bienfaisants dans son contexte et sa situation particulière. Voilà ce qu’est la tradition en tant que foi vivante des morts (et non foi morte des vivants). Elle n’est du reste vivante que si elle demeure ancrée dans la mort et la résurrection du Christ telle que transmise par les apôtres à tous ceux qui ont cru : ils sont mis à mort dans leur nature de péché avec la crucifixion de Jésus, puis vivifiés, rendus vivants, par sa résurrection.
Vers la fin de sa première lettre aux chrétiens de Corinthe, Paul leur rappelle ce dépôt inaltérable qu’il leur a transmis : Je vous rappelle, frères, l’Évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, dans lequel vous demeurez fermes, et par lequel aussi vous êtes sauvés, si vous le retenez dans les termes où je vous l’ai annoncé ; autrement vous auriez cru en vain. Je vous ai transmis, avant tout, ce que j’avais aussi reçu : Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures ; il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures, et il a été vu par Céphas (c’est-à-dire Pierre) puis par les douze.
Pourtant, parmi ces mêmes Corinthiens, certains ne croyaient pas en la réalité corporelle, physique de cette résurrection, que leur avait prêchée Paul et ses compagnons, et qu’il leur rappelle avec force maintenant. En ce sens, ils n’étaient pas loin des Sadducéens, ce groupe de chefs religieux juifs qui eux non plus ne croyaient pas en la résurrection des morts, pas même du reste en l’immortalité de l’âme. Jésus leur avait une fois répondu à ce sujet : Vous êtes dans l’erreur parce que vous ne comprenez ni les Écritures, ni la puissance de Dieu (Matt. 22).
De même aujourd’hui, la transmission d’une foi vivante fondée sur le Christ réellement ressuscité, s’est transformée en musée poussiéreux de traditions surannées chez ceux qui ont nié l’authenticité et la véracité du dépôt initial : un musée qui du reste n’attire plus personne, comme en témoignent tant d’églises vidées de leurs membres, en voie de déperdition complète, pour ne pas de dire tout simplement de perdition définitive.