L’homme moderne qui se croit émancipé, se dit volontiers athée ou agnostique : il a relégué au rang d’objet de musée toute croyance en un Dieu souverain, tout puissant et transcendant, et qui de surcroît se serait adressé aux hommes, ses créatures, en leur annonçant sa volonté et son plan de salut pour eux, afin qu’ils s’y soumettent, pour leur propre bien. En même temps, cet homme moderne déploie toutes les caractéristiques d’une créature qui se prend elle-même pour Dieu, se croit toute puissante, et considère que ses choix, ses jugements et sa propre volonté sont la norme suprême, infaillible. Rien ne saurait les contredire, si ce n’est ses nouveaux choix ou jugements, dictés par ses nouvelles errances et ses fantasmes les plus récents. Même s’il fluctue constamment dans ses choix et ses jugements, il considère toujours l’expression de ces fluctuations comme le signe de son infaillibilité. Voilà un dieu bien instable et inconsistant !
Et puis, c’est aussi un dieu qui s’endort tous les jours et a besoin de récupérer ses forces physiques et psychiques durant une phase de sommeil qui peut varier selon les individus, mais ne peut être supprimée sous peine d’entraîner sa mort. Il est bien connu que la privation de sommeil est une torture que certains petits dieux font subir à leurs victimes dans les régimes totalitaires. Lorsqu’on lit le psaume 121, dans l’Ancien Testament, on est frappé par le fait que le Dieu d’Israël est présenté au contraire comme celui qui ne sommeille ni ne dort. Ecoutez ce passage: Je lève les yeux vers les montagnes, d’où me viendra le secours ? Le secours me vient de l’Éternel qui a fait les cieux et la terre. Il ne permettra pas que ton pied chancelle ; celui qui te garde ne sommeillera pas. Voici, il ne sommeille ni ne dort, Celui qui garde Israël.
L’omniscience divine, sa toute puissance, se manifeste notamment par le fait que Dieu, dans son éternité, n’est jamais pris en défaut d’attention. Il connaît parfaitement chacune de ses créatures. Le psaume 139, l’exprime avec force dans les paroles de prière du psalmiste adressées au vrai Dieu, au Créateur : Éternel ! Tu me sondes et me connais, tu sais quand je m’assieds et quand je me lève, tu comprends de loin ma pensée ; tu sais quand je marche et quand je me couche, et tu pénètres toutes mes voies. Car la parole n’est pas sur ma langue que déjà, Éternel, tu la connais entièrement. Tu m’entoures par derrière et par devant, et tu mets ta main sur moi. Une telle science est trop merveilleuse pour moi, trop élevée pour que je puisse la saisir. De fait, c’est seulement par la foi que le psalmiste parvient à saisir un tel mystère. Cet acte de foi lui permet en même temps de mettre sa confiance en Celui qui n’est pas un ersatz de Dieu, mais à la fois son Créateur et son Rédempteur parfait.