C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair. La fin du second chapitre du livre de la Genèse, exprime succinctement le plan de Dieu pour l’homme et la femme au moment de la Création. Quitter son père ou sa mère pour aller vivre son propre couple, ce n’est pas manquer de respect envers eux, c’est en fait suivre un appel lancé par le Créateur pour peupler la terre et la mettre en valeur tout en la protégeant, à la suite du mandat donné par Dieu au premier couple. D’ailleurs, dans la Loi donnée par Dieu au peuple d’Israël, au chapitre 20 de l’Exode, le quatrième commandement ordonne d’honorer ses parents : Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent sur la terre que l’Éternel, ton Dieu, te donne. C’est un commandement assorti d’une promesse, celle de préserver l’héritage qu’Il accorde à son peuple, dans la mesure où ce peuple demeure fidèle à ses commandements.
Honorer son père et sa mère c’est d’abord reconnaître que nous ne sommes pas des créatures qui se sont tirées du néant par elles- mêmes. Nous faisons partie d’une lignée qui, au-delà de nos parents et de nos ancêtres, au-delà même du premier couple, remonte au Père céleste. L’apôtre Paul le reconnaît dans sa lettre aux chrétiens d’Éphèse (3:15) : C’est pourquoi je fléchis les genoux devant le Père, de qui toute famille dans les cieux et sur la terre tire son nom (…) De même il déclare aux Athéniens, lors du fameux discours qu’il prononce devant eux (Actes 17 :26) : Il a fait que toutes les nations humaines, issues d’un seul homme, habitent toute la face de la terre. Quitter son père et sa mère pour s’attacher à sa femme et devenir avec elle une seule chair, tout en continuant à honorer son père et sa mère, c’est donc reconnaître qu’au-delà de toute paternité humaine, il y a d’abord et avant tout la paternité divine qui donne un sens à notre vie.
Cette paternité divine peut nous sembler une fiction de l’esprit, quelque chose d’impossible à envisager tant Dieu nous semble éloigné de nous et de notre sort par son éternité, sa sainteté et sa toute-puissance. Et pourtant, la prière que Jésus a enseignée à ses disciples commence bien par ces mots : Notre Père, qui es aux cieux… C’est donc honorer Dieu que de l’appeler Notre Père. Mais cette marque de confiance, d’intimité même, n’est pas automatique, au vu de notre condition d’êtres humains séparés de Dieu par nos pensées, nos paroles et nos actes. Elle ne devient possible que lorsque nous acceptons que seul le Médiateur parfait accordé par Dieu aux hommes, Jésus-Christ lui-même, est l’instrument de notre réconciliation avec le Père céleste.