On dit parfois que quand on pose de mauvaises questions, on n’aboutit jamais à de bonnes réponses. C’est souvent le cas lorsqu’on parle du rapport entre le livre de la Genèse et la science. Si vous achetez un quotidien du soir en essayant d’y trouver un traité d’histoire ou de philosophie, vous serez très déçu. Ce qui ne veut pas dire que les nouvelles que votre quotidien vous rapporte sont fausses ou que les journalistes n’ont pas bien fait leur travail. Si vous abordez le livre de la Genèse en essayant d’y trouver des réponses sur des questions pointues de paléontologie, de chimie ou de physique, vous serez très déçu. Un texte écrit il y a bien des siècles, pour des auditeurs ou des lecteurs vivant à une tout autre époque, ne répond évidemment pas à ce genre d’interrogations. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne soit pas vrai ou qu’il n’ait rien à nous dire aujourd’hui.
Du reste, la vérité sur l’amour, sur la liberté ou sur un tas d’autres sujets ne nous est pas donnée par la science, ce qui d’ailleurs n’enlève rien à ce qu’elle peut nous apprendre sur les sujets qui relèvent de sa compétence. Le livre de la Genèse nous rapporte le cadre dans lequel notre vie doit être comprise, dès son origine: ce cadre est d’abord marqué par l’existence éternelle du Dieu Créateur qui est à la fois radicalement au-dessus de son oeuvre, et en même temps totalement engagé dans cette œuvre. Il en domine et organise tous les aspects. Le message de la Genèse, c’est d’abord celui-là. Dieu se révèle justement là où par leurs propres moyens, par leurs investigations, les hommes ne peuvent atteindre à cette connaissance. Au mieux ils peuvent en avoir une vague intuition. En même temps, cette connaissance-là, si elle est crue et acceptée, oriente nécessairement le regard que nous portons sur la nature. Par exemple, contrairement aux autres récits antiques sur les origines (ce qu’on appelle des cosmogonies), la Genèse, en affirmant que l’univers tout entier est l’oeuvre du Dieu Créateur, affirme aussi que le soleil, la lune, les étoiles, ou certaines créatures ne sont pas des divinités qu’on doit craindre, ou essayer d’apaiser par des sacrifices. Contempler la nature, l’explorer n’est pas quelque chose de lié à des pratiques magiques, ce qui du coup libère le regard qu’on porte sur cette nature et nous permet de l’explorer et de la comprendre sans superstitions.
La Bible voit avant tout dans la nature l’œuvre extraordinaire d’un Créateur divin qui établit une relation d’Alliance entre lui et les humains, mais aussi entre les humains et la nature. Et la Bible exprime sa louange envers la puissance créatrice de Dieu, comme au psaume 139: Tu m’as fait ce que je suis, et tu m’as tissé dans le ventre de ma mère. Merci d’avoir fait de moi une créature aussi merveilleuse : tu fais des merveilles et je le reconnais bien.