Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts? Une parole toute simple adressée au matin de Pâques, il y a bientôt deux mille ans, par deux hommes aux vêtements resplendissants à quelques femmes totalement désemparées après la mort infamante sur la croix, l’avant-veille, de leur maître et ami, un certain Jésus de Nazareth. Elles étaient venues pour rendre un dernier hommage au corps supplicié de celui qui leur avait montré une voie meilleure, excellente même, mais qui semblait avoir été emporté par les forces obscures mises en œuvre par ses nombreux ennemis, plus encore par son ennemi fondamental, le père de tout meurtre et de tout mensonge. Et voilà que même ce dernier hommage leur était refusé: le corps avait disparu de la tombe, la lourde pierre qui en fermait l’accès avait été roulée. Mais par qui? Qui, avant même les premières heures de l’aube, aurait bien pu vouloir dérober ce corps supplicié témoin de l’échec d’une mission apparemment impossible?
Les deux hommes aux vêtements resplendissants apporteront la réponse à ces femmes dévouées mais encore dans l’incompréhension totale du drame cosmique qui venait de se jouer : Souvenez-vous de quelle manière il vous a parlé, lorsqu’il était encore en Galilée et qu’il disait : « Il faut que le Fils de l’homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et qu’il ressuscite le troisième jour. » Et elles se souvinrent des paroles de Jésus. « Il faut que, il fallait que… » Le texte des évangiles est parsemé de telles affirmations faites par Jésus lui-même: il est écrit dans la Loi et les prophètes que cela doit arriver car tel est le plan divin de salut pour l’humanité. Contrairement aux apparences, Jésus n’a pas été la proie d’une destinée tragique, l’objet impuissant de la fatalité, comme dans les tragédies grecques de l’Antiquité. Sa mort sur la Croix n’a pas été l’expression d’un chaos moral insurmontable qui engloutit même ceux qui expriment l’idéal le plus élevé et tentent de le partager avec leurs frères humains. Non, cette mort a été le prélude nécessaire à sa résurrection, car, comme le dira Pierre, un de ses disciples proches, à une foule rassemblée à Jérusalem quelques semaines plus tard : Dieu l’a ressuscité, en le délivrant des liens de la mort, parce qu’il n’était pas possible qu’il soit retenu par elle.
Résurrection physique, matérielle, qui est aussi le prélude de la résurrection de tous les croyants, ceux qui, illuminés par l’Esprit de Dieu sur la signification de ces événements, ne cherchent plus le vivant parmi les morts. Ne nous laissons donc pas détourner de cette espérance et de cet héritage par toutes les voix mielleuses et fielleuses qui voudraient nous donner de Pâques une interprétation autre que celle donnée par le Maître lui-même à ses disciples et amis, ceux pour lesquels il est mort et ressuscité.