Il arrive toujours un moment, dans la vie, où l’on se demande ce que l’on a accompli au cours de son existence, ce qu’on laissera derrière soi après avoir disparu. Les générations futures garderont-elles un souvenir quelconque de nos actes ou paroles, ou bien tout ce que l’on a été ne sombrera-t-il pas dans l’oubli le plus total, enfoui à toujours, tout comme notre corps retourné à la poussière? Cette pensée peut devenir obsessionnelle chez ceux qui s’interrogent sur la finalité de leur existence sans pouvoir trouver de réponse à leur questionnement. N’est-elle pas à la racine de bien des exploits dont ceux qui les accomplissent espèrent qu’ils resteront gravés dans la mémoire collective? Laisser son nom dans l’Histoire, voilà le rêve de beaucoup, rêve qui se retourne contre soi lorsqu’on est suffisamment lucide pour comprendre qu’il ne se réalisera pas.
Au chapitre quatorze de l’Apocalypse, le dernier livre du Nouveau Testament dans la Bible, l’auteur, Jean de Patmos, reçoit des visions sur les temps à venir. Il devient le témoin d’une proclamation concernant des jugements divins à venir. Notamment, au verset treize il est dit: J’entendis du ciel une voix qui disait : Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur, dès à présent ! Oui, dit l’Esprit, afin qu’ils se reposent de leurs travaux, car leurs œuvres les suivent. « Heureux les morts » : il s’agit d’une béatitude, comme celles prononcées par Jésus au début du sermon sur la Montagne. Heureux tous les morts ? Non, seulement ceux qui meurent dans le Seigneur. Mais alors, à quel signe les reconnaître ? Qu’est-ce qui les caractérise par rapport aux autres ? Le verset précédent nous donne la clé à cette question: C’est ici la persévérance des saints, qui gardent les commandements de Dieu et la foi en Jésus.
Notez bien la combinaison indissociable exprimée entre la foi en Jésus et l’obéissance aux commandements de Dieu. L’une et l’autre ne sont pas mutuellement exclusives, bien au contraire: la foi authentique va toujours de pair avec l’obéissance aux commandements de Dieu, elle persévère jusqu’au bout dans cette obéissance. En dépit de tous les obstacles, elle se relève de ses chutes et s’engage de nouveau sur le chemin de l’obéissance jusqu’à l’épreuve ultime de la mort. Ce n’est qu’à cette condition que la béatitude exprimée au verset suivant devient une réalité. Le couronnement d’une telle persévérance est l’assurance que les œuvres des saints, c’est-à-dire ceux qui se sont laisser guider par l’Esprit et la Parole divines au cours de leur existence, les suivent dans la mort. Elles ne sont ni effacées, ni oubliées. Au regard du Dieu éternel qui vient pour juger les vivants et les morts, elles témoigneront au contraire de la foi authentique qui les a suscitées, et en cela elles glorifieront le Créateur et le Sauveur de vies consacrées à son service.