Comment aborder la mort, selon Charles Drelincourt ?

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Dans ce très beau passage de son célèbre ouvrage “Les Consolations de l’âme fidèle contre les frayeurs de la mort”, publié en 1662, le pasteur Charles Drelincourt (1595-1669) invite ses lecteurs de tous âges à se préparer en tout temps à faire face à la mort et à ne pas la craindre lorsqu’elle se présentera, peut-être de façon inopinée.

Comme la mort nous surprend en tout lieu et en toute saison, elle nous surprend aussi en tout âge, aussi bien dans l’enfance et dans la jeunesse la plus florissante que dans la vieillesse la plus caduque et la plus décrépite. Et il ne s’en faut pas étonner car un verre neuf et qui vient d’être formé se casse aussi facilement qu’un vieux et qui a été conservé longtemps dans un cabinet. Ainsi en quelque âge que nous soyons, jeunes et vieux, nous sommes tous également fragiles.

Jeune homme, souviens-toi donc de ton créateur au jour de ta jeunesse, et avant que les jours viennent auquel tu dises je n’y prends point de plaisir (Eccl. 12). Quand tu serais le plus fort et le plus robuste de tous les hommes, ne t’appuie point sur ta force, et ne te fie point en ta vigueur. Représente-toi que le fer et l’airain de la statue de Nébucadnetsar se brisa aussi facilement que la paille qui est le jouet du vent ;  et que de même la mort abat aussi facilement les plus forts et les plus vigoureux que ceux qui sont en apparence les plus faibles et les plus infirmes.

Jeunes filles, ne vous endormez point avec les folles vierges dont il est parlé en l’Evangile. Car vous ne savez à quelle heure l’époux vous appellera au banquet des noces de l’agneau. Quand vous seriez les plus belles du monde, songez que la mort ne se laisse pas vaincre par les charmes de la beauté ; et qu’elle fauche les plus belles fleurs qui se cultivent en nos jardins aussi bien que les herbes des champs.

Et vous vieillards tremblants préparez-vous à la mort avec une sainte allégresse : que votre espérance soit comme l’ancre sûre et ferme de votre âme, qui pénètre jusque dans le ciel, où le Sauveur du monde est entré comme avant-coureur pour vous. Et des yeux de la foi, contemplez l’Ancien des jours, qui vous tend les bras pour vous recevoir dans le repos de sa gloire.

Voulez-vous savoir, âmes fidèles, le but de tout ce discours ? Puisque la mort est certaine et inévitable, et qu’il n’y a rien de plus incertain que son heure, il faut vivre comme si nous avions à mourir à tout moment, ayant toujours nos âmes sur le bord de nos lèvres, prêts à les remettre entre les mains de notre Créateur ; ou, pour parler avec Job, ayant notre chair sur nos dents, et notre âme entre nos mains (Job 13). Puisque nous ne savons à quel âge, en quel temps, ni en quel lieu, la mort viendra visiter, attendons-la partout, et en toutes saisons. Vu que nous sommes dans cette maison d’argile, sans aucun terme préfixé, soyons prêts à déloger au premier avertissement. Car il vaut mieux suivre avec allégresse, que d’être traîné par force. Il ne faut pas que la mort nous enlève de la même façon que la mer fait flotter un corps mort ; mais il faut imiter le pilote, qui guide les voiles, et qui aide de toute sa force au vent et à la marée. Il ne faut pas suivre la mort comme le criminel est contraint de marcher avec le bourreau qui le mène au supplice ; mais comme l’enfant suit son père qui le conduit à un festin. Il ne faut pas combattre la mort par contrainte, comme les anciens esclaves combattaient les bêtes féroces dans les amphithéâtres. Mais il faut imiter la générosité de David, qui sortit volontairement du camp d’Israël, pour aller à la rencontre de Goliath. Enfin, il vaut mieux attaquer la mort et la prendre, que d’être pris et engloutis par elle.

Viens donc quand tu voudras, ô mort ! tu ne me saurais jamais surprendre, car je t’attends à toute heure, les armes à la main. Tu ne m’entraîneras point par force, car je te suivrai volontairement, et de bon cœur. Et encore que tu sois mon ennemie, je ne manquerai point de te dire ce que l’épouse disait autrefois à son bien-aimé : entraîne-moi, et je courrai après toi (Cant. 1). Et même j’irai au-devant de toi, et je te recevrai à bras ouverts. Au lieu de craindre et d’appréhender ton arrivée, je la souhaite et je l’espère : car dès que tu seras venue, et que je t’aurais vue, je t’aurais vaincue. O bienheureuse journée qui me promet une victoire glorieuse, et un triomphe éternel !

Eric Kayayan
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