LES BIENFAITS DE LA LECTURE DE L’ECRITURE par Pierre du Moulin (1609)

En 1609, le pasteur français Pierre du Moulin (1568-1658) publie un petit livre intitulé THEOPHILE OU L’AMOUR DIVIN qui est dédié à Anne d’Alègre, comtesse de Laval et protectrice des Huguenots en Bretagne.  A la fin de cet opuscule (p. 196-207 de l’édition originale) Du Moulin insiste sur l’assiduité nécessaire à lire l’Ecriture, et les bienfaits qu’on en reçoit. Voici les dernières pages de ce précieux petit livre, retranscrites dans un français légèrement modernisé. Pour avoir accès au fac-similé digital de l’édition de 1609, cliquez sur le lien suivant: https://play.google.com/books/reader?id=X4lUAAAAcAAJ&hl=en&pg=GBS.PA201  Puisse chacun s’inspirer de ces belles pages pour  aborder l’an de Grâce 2021  sans craintes, peurs et frayeurs inutiles, qui sont l’apanage des païens.

L’Écriture Sainte étant pleine de tels exemples, à bon droit elle peut être appelée le Livre du vrai amour, puisqu’en elle Dieu non seulement déploie son amour, mais aussi nous oblige à l’aimer, et non seulement nous exhorte à cet amour, mais aussi le produit en nous par cette même parole, accompagnant la prédication de celle-ci de l’efficace de son Saint Esprit. Et de fait j’estime que la plupart de nous a expérimenté qu’après l’écoute de la parole de Dieu, des étincelles d’amour s’allument en nos cœurs, et qu’en entendant parler Dieu, ou de Dieu, nous sommes embrasés en son amour.

Ainsi ces deux disciples étant à Emmaüs après que Jésus-Christ ait disparu, disent : Notre cœur ne brûlait-il pas en nous quand il nous parlait en chemin, et nous expliquait les Ecritures? Et Jérémie au chap. 20, voulant retenir en son cœur la parole de Dieu sans la prêcher, dit qu’il l’a sentie en son coeur comme un feu ardent.  Pourquoi cela sinon parce que cette même parole reçue dans les cœurs des auditeurs, les chauffe d’une pareille chaleur? Comme aussi ces langues de feu descendantes sur les Apôtres témoignaient que Dieu leur donnait des langues brûlantes et une parole pleine d’efficace à chauffer les cœurs.

C’est pourquoi ceux qui, soit emportés par les affaires, ou retenus par la crainte, ou persuadés de leur suffisance, négligent de se retrouver à l’église pour la prédication, trouveront insensiblement que cette chaleur décroît, et qu’un cal se forme sur leur conscience.  Cette négligence se transformera en manque de goût, le manque de goût en mépris, le mépris en endurcissement et inimitié contre Dieu. Quiconque veut entretenir en son cœur l’amour de Dieu doit se rendre assidu à l’écoute de sa parole, laquelle il a choisi comme un moyen salutaire pour émouvoir nos cœurs, et pour purger nos esprits. Comme le dit Jésus-Christ à ses disciples : Vous êtes émondés à cause de la parole que je vous ai annoncée (Jean. 15, 3). Etant là, il faut écouter les enseignements avec avidité, souffrir les reproches avec docilité, recevoir les exhortations avec ardeur.  Et tout comme pour ceux à qui on veut faire une incision quelconque se laissent lier et garroter par le médecin, de peur que le mouvement du patient n’empêche l’opération, ainsi faut-il que lorsque les serviteurs de Dieu sont occupés à piquer les abcès de nos vices, et à retrancher nos convoitises que S. Paul appelle nos membres, nous arrêtions notre légèreté mouvante, de peur d’empêcher l’efficace de cette parole par notre impatience.

A l’écoute de la parole il faut joindre la lecture, à l’exemple de ceux de Bérée (Actes 17,11) qui après avoir entendu la prédication de Saint Paul allaient consulter les Ecritures pour reconnaître la conformité de sa prédication avec les écrits des Prophètes, quoique l’Apôtre puissant en miracles et en paroles prêchât avec assez d’autorité pour être cru.  Combien plus devons-nous aujourd’hui, au sortir de la prédication, contenter notre curiosité pour savoir si ce qui nous est aujourd’hui annoncé est véritable ? Nous qui entendons des Pasteurs qui ne doivent être reçus que dans la mesure où ils prouvent leur dire par la parole de Dieu ? Entre tous les livres de l’Ecriture Sainte, le livre le plus obscur est l’Apocalypse, et néanmoins il est dit au premier chapitre : Bienheureux sont ceux qui lisent et ceux qui écoutent les paroles de ceste prophétie. Au chapitre 17 du Deutéronome, Dieu commande aux rois de lire au livre de la Loi tous les jours de leur vie.  La lecture était l’occupation de l’Eunuque de la reine Candace en son chariot.  S’il lisait alors qu’il était un païen, combien plus étant devenu chrétien ? S’il lisait sans comprendre, combien plus quand il a commencé à comprendre?  S’il lisait au chariot, combien plus en la maison ?  Aussi Dieu lui a tendu la main par le ministère de Philippe, et sur la lecture lui est survenue la clarté de l’Évangile. Ceci nous sert d’argument pour espérer, à savoir qu’en lisant soigneusement l’Ecriture Sainte, Dieu nous illuminera.

Celui qui l’accuse d’obscurité l’accuse aussi de mensonge : car elle dit d’elle-même qu’elle illumine les yeux, qu’elle donne sagesse aux petits et aux simples (Ps 19 v. 9-10) ; qu’elle est une lampe à nos pieds et une lumière sur nos sentiers (Ps. 119, v. 103).  Si elle est obscure c’est (dit l’Apôtre) pour ceux auxquels le Dieu de ce siècle a aveuglé l’entendement. Pour le moins ayons bonne opinion de Dieu notre Père. N’estimons point qu’il ait couché son testament en termes obscurs et en phrases ambiguës pour nous envelopper de doutes. Le Père des lumières n’est jamais une cause d’obscurité. Ne tâchons point de rendre cette parole suspecte au peuple, comme si la lecture en était dangereuse, comme font les personnes profanement craintives qui sous chaque pierre imaginent qu’il y a un scorpion.  S’il y a quelques difficultés, ce qui reste de clair est suffisant pour le salut. S’il n’appartient qu’aux savants de lire l’Ecriture, il n’appartient à personne de la lire : car nul n’est savant avant de l’avoir lue.  On ne lit point la Parole de Dieu parce qu’on est savant, mais pour le devenir.

Or ici nous passons une infinité de profits qu’on recueille de cette lecture : comme la confirmation dans la foi, la consolation en l’affliction, un doux divertissement, un maître qui ne flatte point, une compagnie qui n’importune point, un arsenal spirituel qui contient toutes sortes d’armes spirituelles, qui fournit de quoi résister à l’erreur, suivant l’exemple de notre Seigneur, résistant toujours au Diable par l’Ecriture, et lui disant : Il est écrit, il est écrit, etc. (Matt. 4, Luc 4).  Seulement nous nous arrêtons sur ceci, à savoir que cette lecture allume en nos cœurs l’amour de Dieu.  Cela se reconnaît par expérience.  Car depuis qu’un homme commence à prendre goût à la lecture de l’Ecriture Sainte, les autres études deviennent fades. Vous ne verrez plus sur le tapis des livres d’amourettes.  Les romans ridicules et les contes d’Amadis fuient devant l’Ecriture Sainte, plus que les diables devant l’eau bénite.  Toutes ces friandises et vaines lectures qui amusaient l’esprit et chatouillaient l’imagination perdent leur goût après cette nourriture spirituelle.  Un autre amour s’allume dans les esprits qui se proposent assidument les témoignages de l’amour de Dieu envers nous, contenus en sa parole.

Cette méditation nous fournit un juste sujet de plainte car lorsqu’on nous brûlait pour avoir lu l’Ecriture, nous brûlions d’ardeur de la lire. Maintenant avec cette liberté est venue aussi la négligence et le mépris. Nous sommes barbares et nouveaux au langage de l’Esprit de Dieu. Nos cœurs donc ressemblent aux cailloux qui ne jettent point d’étincelles s’ils ne sont frappés. Plusieurs auront une Bible reliée et dorée dessus un buffet, plus pour parade que pour instruction.  On n’en aime que la couverture. Nous ornons l’Ecriture Sainte par dehors, mais il aurait mieux valu qu’elle nous ornât par dedans; il aurait mieux valu qu’elle fût déchirée à force d’y lire, afin que ta conscience fût plus entière.  Car il t’est plus facile d’en ravoir une autre, qu’il ne t’est facile d’être un homme de bien sans la lire.  On veut une belle impression: mais la plus belle impression est celle qui se fait du doigt de Dieu dans nos âmes.  Les matrices de ces caractères sont au ciel.

Cet amour de Dieu s’engrave en nos cœurs de la main de Dieu, et se forme sur le modèle de l’amour qu’il nous a porté en son Fils, selon qu’il dit au quinzième chapitre de Saint Jean, Comme mon Père m’a aimé ainsi je vous ai aimés; demeurez en mon amour.

 

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Eric Kayayan
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