EN MARCHE AVEC L’EMMANUEL DE DIEU

par Éric Kayayan

Que signifie le nom EMMANUEL ? Et d’où  ce nom, qui se retrouve sur toutes les lèvres en ce moment, nous vient-il?

Immanu – El signifie,  en hébreu classique : « Dieu avec nous ». C’est le nom donné à l’enfant promis au huitième siècle avant Jésus-Christ au roi de Juda Ahaz,  comme un signe à venir très spécial, et ce par l’intermédiaire du prophète Ésaïe (7:14).   L’évangéliste Matthieu reprend ce nom au moment de la naissance de Jésus, ou plutôt un peu auparavant, lorsque cette naissance est annoncée à Joseph, le fiancé de Marie, au cours d’une révélation particulière (1:22-23): Tout cela arriva afin que s’accomplisse ce que le Seigneur avait déclaré par le prophète : « Voici que la vierge sera enceinte ; elle enfantera un fils et on lui donnera le nom d’Emmanuel. 

 La toute dernière parole de ce même évangile reprend la signification du nom « Emmanuel ». Jésus, ressuscité des morts, proclame d’abord la toute puissance dans les cieux et sur la terre qui lui a été conférée: Tout pouvoir m’a été donné dans les cieux et sur la terre. Il faut d’ailleurs bien insister sur le second membre de cette phrase : et sur la terre, à l’attention de tous ceux qui souhaiteraient reléguer l’autorité du Christ dans un hypothétique au-delà, déconnecté des réalités terrestres.  Pour aboutir à cette interprétation, c’est-à-dire pour obtenir la désincarnation de l’autorité du Christ sur toutes choses, il faut  – sciemment ou non – amputer le texte de l’évangile. Méthode exégétique des plus courantes aujourd’hui : à défaut de pouvoir expliquer le sens du texte dans son intégralité et avec intégrité, il est devenu nécessaire de le mutiler, afin de ne pas verser, nous explique-t-on, dans « l’intégrisme »…

Mais disions-nous, la toute dernière parole de ce même évangile reprend la signification du nom « Emmanuel »: Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde.  Ainsi, l’évangile de Matthieu se déroule du début jusqu’à la fin sous les auspices de ce nom qui souligne au lecteur la proximité de la présence divine en Jésus-Christ vis-à-vis des disciples fidèles, ceux qui vont se mettre en marche sur les chemins que le Seigneur vient de leur prescrire.  Par cette parole, Jésus se déclare en marche avec ses disciples dans leur propre marche, celle qui consiste à aller proclamer à toutes les nations l’autorité universelle de celui qui les envoie.  Ce n’est d’ailleurs pas eux qui l’ont choisi ou élu, à la majorité relative ou absolue de leurs voix, c’est lui qui les a choisis comme disciples (Jean 6:70).  L’autorité qui est la sienne doit se manifester dans l’obéissance à garder tous ses commandements : Et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit.  Voilà donc la seule marche possible avec Emmanuel, Dieu avec nous.

A l’inverse, on ne peut qualifier que de « marche funèbre » tout ce qui s’opposera, de près ou de loin, à ce qu’il a enseigné, à ses commandements, au rappel de l’ordre que Dieu a instauré dès le commencement et qui s’est transformé en désordre en raison de la révolte humaine, mais que lui, Dieu avec nous, est venu restaurer: marche forcée vers la mort spirituelle, culturelle, sociale et politique des nations qui refusent de se soumettre à l’autorité de celui qui a vaincu le péché et la mort en apportant une authentique vie nouvelle.  Dieu n’est pas avec ceux qui se réclament de lui mais s’opposent au règne de son Fils bien-aimé en rejetant son enseignement.

Ce n’est donc pas la France, ou toute autre nation imbue d’elle-même, qui peut se déclarer « la lumière du monde » par la voix de telle ou telle figure politique faussement messianique, mais celui qui, en tant que véritable Emmanuel de Dieu, à la légitimité pour dire de lui-même: Moi, je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie.  C’est pourquoi, tous ceux qui  le suivent sont aussi porteurs de cette lumière, comme le Maître le dit lui-même à ses disciples dans le Sermon sur la Montagne (Matthieu 5:14-15) : C’est vous qui êtes la lumière du monde.  Une ville située sur une montagne ne peut être cachée.  On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison.  C’est donc bien dans ce monde et pour éclairer ce monde que les disciples sont appelés à être lumière du monde.  S’ils cèdent un tant soit peu aux pressions du monde  pour mettre la lumière dont ils sont porteurs sous le boisseau, s’ils renoncent un tant soit peu à être cette ville illuminée sur la montagne dont parle Jésus, ils ont renoncé à leur vocation et par là-même ne sont plus dignes de porter le flambeau.

La venue de l’Emmanuel de Dieu il y a deux mille ans ne s’est pas dégonflée comme tant de baudruches politiques d’un moment au cours des vingt derniers siècles.  Deux mille ans après, ses disciples sont toujours en marche, dans la ferme assurance qu’il les accompagne de sa présence, par son Esprit qui les habite.  Plus que jamais, en dépit même des persécutions qui les atteignent, ils proclament son autorité universelle jusqu’à son retour en gloire.  Le thème de la marche, d’être « en marche » est bien entendu hautement eschatologique, qu’il s’agisse d’une marche forcée vers la sécularisation et l’apostasie ou la marche vers les parvis de l’Éternel : il indique un but et une destination finale.  Puisqu’il est plus que jamais à l’ordre du jour, il vaut la peine de prendre connaissance de deux passages juxtaposés en doublon dans le psaume 68 – le fameux « psaume des batailles » – qui nous parlent de marches aux directions opposées:

20-22 :

Béni soit le Seigneur chaque jour !

Il nous prend en charge, ce Dieu-là est notre salut.

Ce Dieu est pour nous le Dieu du salut.

A l’Éternel, le Seigneur, les moyens de nous sortir de la mort.

Oui, Dieu défoncera la tête de ses ennemis,

Le crâne chevelu de celui dont la marche est coupable.

 25-27:

 Ils voient ta marche, ô Dieu !

La marche de mon Dieu, de mon roi dans le lieu-saint.

En tête vont les chanteurs, puis ceux qui jouent des instruments,

Au milieu de jeunes filles battant du tambourin.

Bénissez Dieu dans les rassemblements,

Bénissez le Seigneur, (vous qui êtes issus) de la source d’Israël !

 La marche de celui qui  – littéralement –   « marche dans ses voies coupables » est violemment stoppée et réduite à néant par le Dieu du salut.  Elle est remplacée par la marche liturgique de son peuple (avec chants, tambourins et acclamations), qui est identifiée à la sienne : sa marche est leur marche vers le lieu saint.  C’est aussi celle dont parle la première épître de Jean (2:3-6), en liant justement cette marche à l’obéissance aux commandements du Seigneur.  Je conclus simplement en citant cette exhortation apostolique:

A ceci nous reconnaissons que nous l’avons connu: si nous gardons ses commandements.  Celui qui dit : Je l’ai connu, et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur, et la vérité n’est pas en lui.  Mais celui qui garde sa parole, l’amour de Dieu est vraiment parfait en lui.  A ceci nous reconnaissons que nous sommes en lui : celui qui déclare demeurer en lui, doit marcher aussi comme le Seigneur a marché.

Eric Kayayan
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